... Le
smoking de travers, J'te suis pas dans cette galère, Ta vie tu peux pas la
r'faire... ♪♫
Oui, je sais, c’est
un peu osé comme provocation musicale et Monsieur Souchon ne m’en voudra pas d’avoir
détourné sa chanson sublime pour lancer mon sujet ! Enfin, je l’espère.
Nous allons donc parler de romance, car le sujet me taraudait depuis un moment !
■ Ma première rencontre avec la romance
C’est au cours
des années lycée, alors que je suis un cursus littéraire (A5 pour les anciens), que je décide, cette après-midi-là, d’aller
chez une copine pour... réviser. Hum... Avant d’attaquer le programme de révisions intenses, je me penche sur ses
bibliothèques dégorgeant de livres, comme les miennes (à l’époque). Et tout à coup, je lui fais la peur de sa vie en
poussant un cri d’horreur. J’avais devant moi des étagères couvertes de livres
publiés chez Harlequin... Vade retro satanas ! Gros fou rire de ma copine qui me
met l’un de ses livres entre les mains.
— Tiens, tu
liras et après, on en parle.
Après ce court
intermède, nous sommes repartis aux révisions et... bref. De retour chez moi,
je me suis jeté sur le bouquin, ayant besoin de repos (après les révisions, etc.). J’ai donc lu ma première romance vers
dix-sept ans. À cette époque, je lisais quatre ou cinq livres par semaines (en plus des ouvrages scolaires obligatoires).
Ken Follet, Thomas Harris ou James H. Chase s’empilaient sur ma table de chevet,
parmi les Kipling, Verne, Hugo et autre Saint-Exupéry... Alors, la romance
était loin de retenir mon attention. Je lui ai rendu sans oser avouer que je ne
l’avais pas fini. Fin de l’histoire.
■ La romance, un genre littéraire ou pas ?
Désolé pour les
détracteurs ou les incrédules, mais c’est et de loin, l’un des genres les plus
courus en matière de paralittérature dans l’hexagone et un véritable genre
littéraire outre-Atlantique. Aux États-Unis, le chiffre d’affaires de la
romance représente 1,5 milliard de dollars ! Le polar n’en fait pas la
moitié et la SF, à peine un tiers. C’est vous dire si nos amis américains sont sensibles
au genre. Bien, maintenant, ceci n’est qu’un chiffre d’affaires et il ne présage
en rien de la qualité des écrits... Il n’y a qu’à voir où les pauvres sont
tombés avec le dramatique Fifty Shades of Grey. Je n’en dirai pas plus.
■ Une romance, c’est quoi ?
C’est un
anglicisme, pour commencer. Notre bonne vieille romance est tirée de Romance novel ou roman d’amour, dont les
premiers titres respectant les codes en usage encore aujourd’hui, remontent au
XVIIIe siècle. Ses lettres de noblesse seront écrites le siècle suivant et
essentiellement par des écrivains anglais ou américains.
Les codes sont
simples, un homme, une femme, une histoire d’amour et une fin heureuse. Point.
Inutile de s’emmêler les pinceaux avec une intrigue, du suspense ou des
personnages secondaires plus ou moins méchants. Tels étaient les codes de jadis
et vous verrez que cela n’a que peu changé.
■ Quels sont les genres et techniques actuels
de la romance ?
Il existe de
nombreuses déclinaisons de la romance. Depuis les origines, les auteurs ont largement
étoffé la fadeur des scénarios en modernisant l’esprit du genre. Elle peut être
contemporaine, historique, érotique, à base de polar, de SF même... C’est la
romance moderne et à épisodes qui séduit en majorité le lectorat féminin car la
lectrice peut facilement s’identifier à l’héroïne. Sinon, les codes de base
sont identiques : une histoire d’amour et une fin heureuse, la différence
essentielle étant l’intégration des couples MM ou FF (gay et lesbien).
Techniquement,
la romance est écrite neuf fois sur dix par une femme, en respectant le point
de vue de l’héroïne et doit s’inscrire dans un cadre de deux cent cinquante
pages, environ. Le schéma secrétaire + patron ou riche milliardaire + femme pauvre
est encore très souvent utilisé.
Les données
négatives y sont interdites, tels le viol, la drogue, l’alcool, etc. et l’on
retrouve bien là le puritanisme d’origine si cher à nos amis anglo-saxons.
Heureusement qu’en France, les auteurs ont su se démarquer de cette bêtise
proverbiale et hypocrite. Nos auteurs ajoutent de l’humour, des intrigues, du
suspense, même si cela reste superficiel et comme faire-valoir à l’histoire d’amour.
Sans faire de protectionnisme stupide, nos auteurs français ont une longueur d’avance !
■ La romance et moi !
Oui, il fallait
bien que j’aborde le sujet... Donc, après ma première rencontre avec ce genre
littéraire, je suis devenu auteur et plus de trente ans après quelques années
après, j’ai lu des romances (jusqu’au
bout cette fois). Eh oui, n’oubliez pas que je publie mes nouvelles
érotiques chez Harlequin - HQN ! Et quel éditeur est le mieux placé pour
parler de romance que celui-ci ? Lors d’une opération, je m’étais essayé
au genre avec une micronouvelle que vous pouvez lire intégralement à la
rubrique Harlequin - HQN de ce blog.
Mes lectrices avaient apparemment apprécié. Disons que c’était un début
insuffisant mais au moins encourageant.
Comment en
suis-je arrivé à relire des romances ? Tout simplement parce que j’aime relever
les défis. Si j’écris des délires sexuels de tous bords, si j’aime plonger mes
récits dans l’histoire ou encore dans le suspense d’un bon thriller, voire l’intrigue
à tiroirs d’un polar, je voulais m’essayer au genre de la romance.
Et je me suis
planté !
Je n’étais pas
hors sujet mais je ne respectais pas les codes en usage. Pour mieux comprendre,
poussé par mes deux éditrices - merci
Karine et Sophie - j’ai donc lu quelques titres HQN et m’en suis procuré ailleurs
pour sortir de la ligne éditoriale maison. C’est ainsi qu’une vérité m’a sauté
à la figure. On ne s’improvise pas auteur de romances et on ne joue pas avec
les codes du genre. Et croyez-moi, c’est un métier, un vrai, qui ne souffre
aucune approximation. J’étais donc loin de maîtriser cet aspect du métier d’auteur
et j’ai essayé d’apprendre afin de progresser. Le résultat, eh bien, nous en
reparlerons une autre fois.
■ Conclusion
Le genre est
porteur et si vous savez utiliser les codes de la romance, je ne saurai trop
vous conseiller de vous y mettre ! Par contre, si vous souhaitez sortir
des sentiers battus, faire de l’innovation ou casser les codes, oubliez tout de
suite votre projet ! Vous ne serez pas publié et vous perdrez votre temps.
Toutes les maisons d’édition qui proposent de la romance à leur catalogue ont
des cadres définis et bien plus stricts que vous ne l’imaginez.
C’est un véritable
métier que d’écrire une romance et il n’y aura que très peu d’élues ! Je mets
volontairement élue au féminin, car
les hommes n’y ont pratiquement aucune chance.
Quant à moi, ce
sera le smoking de travers et une véritable
galère dans laquelle je me suis
embarqué volontairement... Et de toute manière, j’peux pas r’faire ma vie !
Sur ce, je
retourne à mon thriller.
Excellente
journée !
Amitiés
littéraires.
:) la romance... suivant le shéma de conditionnement : "Un jour mon prince viendras..." N'empeche que 50 nuances a fait un carton ! C'est surement parce que vous etes un homme ? Les romance c'est pour les filles non ?
RépondreSupprimerBonjour Aline,
SupprimerLa romance est un domaine vraiment féminin, c'est tout à fait vrai, maintenant le carton de Fifty est tout relatif et se limite à un bon produit marketing bien financé. Point.
Je vous invite à découvrir l'érotisme français pour comprendre la différence. :)) et surtout nos auteurs impliqués dans la romance qui sont tous des femmes, il est vrai ! Bravo à elles toutes...
Merci pour votre passage et votre petit mot. À une prochaine fois, j'espère ?
Bien cordialement,