On me pose souvent
le même genre de question. Comment j’écris ? Quelle est ma technique ?
Est-ce que j’ai un procédé particulier qui me permet d’aller plus vite ? Eh
bien, je me décide à y répondre et je vais certainement vous décevoir. J’ai ma
façon de faire, certes, mais il n’est pas garanti que ça fonctionne pour vous. Je
vais donc vous décrire les phases successives de la création d’un roman. C’est
parti !
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■ 1 - L’idée
Ne me demandez pas
pourquoi ni comment, mais j’ai toujours une dizaine de scénarios en tête pour
écrire un roman. Polar, thriller ou historique, je ne manque pas d’idées. La
base est d’abord un échange avec mon éditrice. Eh oui, je ne suis pas le seul
auteur du 38 et il y a un planning éditorial à respecter. Je propose donc un
roman, un thème et après le feu vert de l’éditrice, je commence à creuser mon
sujet. C’est ma phase fantôme… je suis régulièrement absent, je ne réponds pas
quand on me parle… parce que mes deux neurones rescapés sont entrés en
surrégime et dans ma tête, ça fuse dans tous les sens. Comme je le dis souvent,
je suis en train de construire mon intrigue avec toutes les fausses pistes, les
personnages, les scènes principales ou secondaires. Avant, je les écrivais et
aujourd’hui, le décor se plante tout seul dans ma tête.
■ 2 - Les
recherches
J’ai beau avoir un
peu de culture générale, je vérifie tout ou presque. Les lieux, les
accessoires, les dates, les lois, les interactions de ma fiction avec la vie
réelle… tout y passe ! C’est un moment qui peut durer aussi longtemps que
l’écriture. Je prends énormément de notes pour ne rien oublier. Éviter les
erreurs structurelles est aussi important que l’orthographe et une première
marque de respect à l’égard du lecteur.
■ 3 - Création
des personnages
Instant crucial !
J’y passe aussi beaucoup de temps, car tout est important. L’origine des
personnages, leur nom, leur prénom, l’âge, leur physique, les signes
particuliers, leurs actions à venir, leur interdépendance avec l’intrigue, etc.
Que ce soit un principal ou un secondaire, je le traite de la même manière,
avec sérieux et précision. Je pense aussi aux détails psychologiques. Bref, un
gros, un très gros travail !
■ 4 -
Articulation de l’intrigue
Dernière phase où
je vais travailler le plus souvent avec quelques pages blanches et un stylo. Je
jette mon idée sur le papier en la schématisant, avec des bulles, des flèches,
des hiéroglyphes que je suis seul à comprendre. Pour faire simple, le roman
tient sur une seule page. Concrétiser l’histoire me permet de prévoir l’architecture
du texte, les bases de chaque chapitre et je réfléchis à ce stade-là au
page-turning. Autrement dit, comment « piéger » le lecteur et l’obliger
à lire le chapitre suivant. Dans un thriller, c’est impératif !
■ 5 -
Présentation du synopsis
Je collabore avec
mon éditrice, je n’impose jamais mes projets ! Par conséquent, je lui
envoie le synopsis pour qu’elle me valide la trame générale. Le synopsis, c’est
deux pages Word maxi et tout le roman est décrit, de A à Z, y compris le
dénouement.
■ 6 - L’écriture
Vous allez rire,
mais c’est le plus simple pour moi et ce qui va le plus vite. Si ! Si !
Juré. D’ailleurs ça va tellement vite, que ça me coûte un clavier neuf tous les
six mois environ…
Donc, le synopsis
est validé par l’éditrice et j’entame la phase écriture. Là, je m’enferme dans
ma citadelle et plus rien ne rentre ou ne sort. Comme dit ma femme, c’est le
moment où elle vit avec un fantôme à la maison. Et la comparaison est parfaite.
J’écris donc
chapitre par chapitre. J’entame le prologue, je le rédige et je le saisis sur
Word. Dans ma tête, tout est déjà organisé, rangé, les rôles distribués, les
actions prévues et ainsi de suite. Je tape vite et il faut que « j’accouche »
du texte rapidement. C’est presque vital !
■ 7 -
Corrections
Le prologue (ou le
chapitre x) est terminé, je le sauvegarde. J’applique maintenant mes corrections
chapitre par chapitre et non à la fin du roman. Je reprends donc mon texte et
je procède ainsi :
— 1ère
relecture pour traquer les incohérences, les fautes de typographie, analyser la
fluidité du texte. Ça doit me plaire.
— 2e
relecture pour tester la facilité de compréhension. Je déteste les mots
compliqués qui provoquent souvent des ruptures de registre et qui obligent le
lecteur à aller chercher un dictionnaire. Là, je glisse mes notes de bas de
page pour une compréhension encore plus aisée.
— Je passe mon
texte à la moulinette Cordial NEO, mon logiciel de correction. Première passe
pour l’orthographe, la grammaire et la syntaxe.
— Deuxième passe
Cordial NEO pour les doublons. J’ouvre mon dico des synonymes et j’y passe du
temps. C’est important pour la fluidité et la « musique » du texte.
— Dernière
relecture pour vérifier l’ensemble. Déjà à ce stade, ça doit coller.
— Je sauvegarde le
chapitre et j’attaque le suivant.
Les phases 6 et 7
sont donc répétées autant de fois qu’il y aura de chapitres.
■ 8 - L’assemblage
J’ai mis le point
final à l’épilogue, les corrections sont terminées. Je reprends tous les
chapitres et je les réunis dans un seul fichier Word qui portera le titre du
roman. Quand l’assemblage est fait, je procède à une dernière relecture. Je ne
dois pas trouver de fautes, d’incohérences, de problèmes. Quand ça me convient,
j’envoie le projet à mon éditrice et en même temps, je donne une copie à ma
femme qui est toujours ma première lectrice. Son avis est prépondérant pour
moi, autant que celui de mon éditrice. Elle lit aussi vite que j’écris et je
guette toujours son avis final avec appréhension.
■ 9 - Travail
éditorial ou Editing
Anita Berchenko,
la directrice des Éditions du 38, a reçu mon projet et travaille dessus. À son
tour, elle va traquer les fautes, les incohérences, tout vérifier et me faire
des suggestions sur le texte, apporter des corrections. Son travail consiste
principalement à vérifier que le roman sera publiable. Toutes ses modifications
sont faites avec le suivi de modifications Word et des commentaires en marge.
Quand c’est fini, elle me renvoie le texte.
■ 10 - Editing
de l’auteur
Je reprends le
projet et je valide ou refuse les modifications demandées par l’éditrice. L’avantage
de travailler avec quelqu’un en qui j’ai confiance et dont je connais le
professionnalisme, c’est que je peux accepter ses idées les yeux fermés. Quand
c’est terminé, je relis une fois le roman et le renvoie pour la publication. De
son côté, l’éditrice va l’envoyer à la correctrice afin de traquer les fautes ultimes.
Eh oui, même à ce stade, même après le travail de deux personnes, il y en a
encore ! À ce moment, l’éditrice et moi, nous travaillons sur la 4e
de couverture. En même temps, l’infographiste nous a envoyé les projets de 1ère
de couverture sur laquelle je donne mon avis. J’adore ça et au 38 on a la
grande chance d’avoir une vraie créatrice, très douée, capable de faire coller
une couverture au texte. Et croyez-moi, même dans les grandes maisons, ce n’est
pas une évidence, loin s’en faut !
■ 11 - Travail
de teasing
Avant la sortie du
livre, j’en parle à mes lecteurs et pour cela je crée mes visuels pour attirer
l’attention au mieux, je produis des extraits, je publie régulièrement des
infos via mon blog et mes comptes de réseaux sociaux. Il faut susciter l’envie !
■ 12 -
Lancement du livre
Cette partie ne
concerne que l’éditrice et le diffuseur. C’est ainsi que le titre apparaît sur
toutes les plates-formes et les librairies, en même temps.
■ 13 -
Promotion du titre
C’est aussi le
rôle de l’auteur d’annoncer la sortie. Donc, j’en parle, je donne un effet
maximum à l’annonce d’une sortie et j’y mets beaucoup de moyens personnels, à
commencer par le temps que j’y consacre. On travaille de concert avec l’éditrice
et ont fait tout pour que le titre soit remarqué par les lecteurs habituels
ainsi que par les autres qu’il faut encore convaincre de « m’essayer » !
■ 14 - Relances
régulières
Avec le temps,
vous verrez que je reviens souvent sur tel ou tel ouvrage, je refais un billet
pour en parler, j’explique les motivations d’origine, la genèse ou j’organise
des instants « questions - réponses » dans le groupe de lecteurs…
Bref, quel que soit le titre, je reviendrai dessus pour en discuter avec mes
lecteurs. C’est aussi un travail qui prend du temps. Mais quand on veut réussir
dans l’écriture, il n’y a pas de secrets : il faut s’investir corps et âme.
■
■ ■
■ Conclusion
Voilà, vus en
savez un peu plus sur moi et ma méthode d’écriture. Comme quoi, ça n’est pas
aussi simple qu’il n’y paraît ! Écrire est un vrai métier, trop souvent
galvaudé par quelques énergumènes qui pensent tout savoir et qu’il suffit de s’asseoir
devant un ordinateur pour pondre le prochain best-seller. Je vous garantis que
c’est du travail et qu’il y a des techniques à apprendre et à maîtriser pour
signer un roman digne de ce nom.
Pour conclure, je
vous donne deux dernières infos. La première, c’est le timing. En moyenne, j’écris
un roman en six à huit semaines, toutes les phases comprises. Si ça vous paraît
court, sachez aussi que mes journées font 12 à 14 heures, en moyenne, sans
week-end ni vacances. Eh oui, je le disais plus haut, il faut savoir ce que l’on
veut !
La seconde, c’est
une vérité toute simple. C’est ma méthode et elle peut vous plaire ou vous
déplaire, peu importe. Je ne prétends pas détenir toutes les vérités en affirmant
que c’est comme ça qu’on réussit. Non ! Ce modus operandi me convient
parfaitement et c’est ainsi que je me sens à l’aise pour travailler. Ce ne sera
pas forcément vrai pour vous et vous aurez votre propre façon de faire. C’est
important. Avec ce billet, je souhaitais simplement répondre à des lecteurs qui
me posent souvent la question. Rien de plus !
Excellente
journée !
Amitiés
littéraires.