samedi 18 avril 2020

Interview exclusive : Alex NICOL, auteur de polars bretons !


À voir mes statistiques, vous aimez les interviews d’auteur afin de découvrir l’homme ou la femme qui se cache derrière les livres que vous dévorez. Aujourd’hui, j’ai l’immense plaisir d’accueillir Alex Nicol, un auteur de polars, qui sévit lui aussi aux Éditions du 38. Inutile de présenter sa série de best-sellers, Les enquêtes en Bretagne, mais connaissez-vous l’homme ? Sa vie, ses passions ? Alors, c’est le moment de vous poser et de lire l’interview qui suit. Bonne lecture !

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Parlez-nous de vous. Qui êtes-vous, quel est votre premier métier, votre parcours, votre lieu de vie,  etc ?
Je suis né à Madagascar à l’époque où c’était une colonie. Mes parents refaisaient vivre leur origine bretonne dans des décors, des objets, des expressions du quotidien. Mais en 1960, lors de l’indépendance, nous sommes rentrés en France. Mon père cherchait une affectation en Bretagne mais il s’est retrouvé dans le Nord. C’est là, au contact des locaux qui parlaient un patois spécifique que j’ai commencé à prendre conscience de ma différence.
A 16 ans, en classe de 3éme, j’ai passé avec succès le concours de l’école normale pour être instituteur. Après mon bac j’ai donc intégré cette institution et me suis rendu compte que ce n’était pas le genre de job qui allait m’enthousiasmer. D’autant que le recrutement étant départemental, j’étais coincé loin de la Bretagne. J’ai donc préparé par correspondance une maîtrise d’anglais à l’université de Lille pour envisager une alternative. Bien m’en a pris car ce diplôme m’a valu d’être recruté à l’Alliance française de Madras en Inde pour enseigner le français langue étrangère. Trois ans plus tard, l’ambassade lançait un appel pour créer de nouvelles Alliances et je suis donc parti volontaire à Chandigarh, capitale du Punjab où avec mon épouse, nous avons fondé ce nouveau site culturel.
A l’issue de ce séjour, nous sommes rentrés en France où par les cours du soir, j’ai préparé et réussi le CAPES d’anglais. J’ai alors sollicité un autre poste à l’étranger et l’on m’a proposé la direction du centre culturel français de Djeddah en Arabie Saoudite. Ce furent 6 années merveilleuses où je me suis pleinement épanoui dans mon travail.
Retour en France, je suis affecté comme professeur d’anglais dans le département de l’Ain. Du fait de mon parcours, je me suis senti un peu à l’étroit dans une classe de 6ème et ai passé le concours de chef d’établissement ce qui m’a permis d’être enfin affecté en Bretagne à Quimperlé. J’ai ensuite travaillé à Quimper puis à St Renan et l’appel du large se faisant sentir, j’ai terminé ma carrière à Mayotte.

Quelles sont vos passions en dehors de l’écriture ?
J’avais toujours rêvé de jouer de la cornemuse mais à l’époque le seul lieu où l’on pouvait trouver des professeurs c’étaient la Bretagne et Paris. Dès mon installation à Quimperlé, j’ai pris contact avec le bagad de Combrit Ste Marine, ma cité de résidence, et ai appris les rudiments de cet instrument et 3 ans plus tard, je défilais en costume bigouden dans les festivals locaux. C’est aussi à cette époque que j’ai découvert la musique écossaise et me suis pris de passion pour elle, au point de quitter mon bagad pour intégrer le pipe band de Lorient où j’ai le grand bonheur de sonner en kilt.
La mer aussi est un lieu de prédilection. La plongée sous-marine a longtemps été une de mes activités favorites (surtout en mer Rouge à Djeddah). Et avec l’âge, cela devient plus difficile de crapahuter avec des bouteilles dans le dos. Mais j’ai passé un permis bateau hauturier et profite de la baie des Glénan avec mon zodiac amarré au ponton du port de Ste Marine les mois d’été.

II - VOTRE ACTIVITÉ D’AUTEUR


Depuis combien de temps écrivez-vous ?
A Djeddah, je faisais partie d’une association « la maison des Français ». Nous sortions un magazine trimestriel et on m’avait demandé de rédiger une nouvelle à chaque parution. C’est là que j’ai découvert le plaisir de l’écriture. C’était en 1991.
Par la suite, je me suis demandé si je pouvais rédiger un texte de 200 pages. Lors de mon retour en Bretagne, je me suis lancé. Ce fut le premier succès « L’étrange secret de Marie Cloarec » qui est sorti en 2006 et qui continue sa vie.

Quel est votre genre littéraire de prédilection ? Envisagez-vous d’en essayer d’autres ?
J’aime bien le polar, même si mon personnage n’est pas à proprement parler un détective. Il est écrivain public et du fait de son travail, tombe sur des vérités pas toujours bonnes à dire ce qui l’oblige, pour se protéger, à chercher la vérité. Je préfère d’ailleurs le terme « roman d’aventure », (thriller en anglais !!!), style qui permet de décrire des environnements, des hommes et leurs contraintes et par le biais d’une histoire, apporter de l’information aux lecteurs. Mes séjours outre-mer ont abondamment alimenté mes romans. S’il fallait définir le héros, je dirais que c’est un mélange de Tintin, Bob Morane et Largo Winch. Il est porté par la même morale que ces personnages. Seule différence : il est marié avec une bigoudène belle comme le jour (mais ça c’est mon fantasme !)
J’adore la science-fiction. J’ai lu tout Asimov en version originale. Mais je ne me sens pas capable de me lancer dans ce mode d’écriture. (Toutefois j’ai tenté une nouvelle de sci-fi éditée aux éditions du 38 intitulée « HI HI HO» qui a reçu un succès d’estime. Plus tard peut-être, si je me sens prêt…

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Combien de temps consacrez-vous à l’écriture dans la journée ? Des moments privilégiés ?
C’est très variable. Si j’ai une idée qui me trotte dans la tête, je peux passer deux ou trois heures devant l’ordinateur. Et puis il y a des jours où je n’écris pas. Je laisse mûrir.

Avez-vous une méthode particulière pour écrire un livre ? Avez-vous des ficelles, des trucs, des manies, des objets fétiches, etc ?
Pas vraiment. Depuis que j’écris, (21 romans à ce jour, le 22eme en cours) je suis aux aguets de tout ce qui pourrait servir de base à une histoire. Lorsque je crois avoir un sujet, je laisse venir les personnages, leur tempérament, leur mode de vie, les lieux et surtout je définis la fin car c’est elle qui va me mener tout au long de l’écriture. Curieusement, c’est au moment où j’écris que l’histoire se déroule quasiment toute seule.

Que préférez-vous dans votre activité d’auteur ? Avant, pendant, après l’écriture ? D’autres moments ?
Le temps de l’écriture est jubilatoire. Je me projette inconsciemment dans mes personnages et je vis l’aventure avec eux.
Autre moment sympa : les séances de dédicace, soit pour présenter mes histoires à ceux qui ne les connaissent pas soit pour bavarder avec un lecteur qui me donne son avis.

Envisagez-vous l’écriture comme une activité professionnelle à temps plein ?
Non. C’est un plaisir parce que je suis libre d’écrire quand je veux. Je suis arrivé à un âge (66 printemps) où je n’ai pas vraiment envie de subir la pression des auteurs confirmé, même si leur compte en banque peut parfois faire rêver. Pour le moment j’ai atteint un lectorat qui me suit et ce que j’obtiens me satisfait. Si ça augmente, pourquoi pas ? On verra éventuellement le moment venu.

Dans votre bibliographie, quel livre préférez-vous et pourquoi ?
Question qu’on m’a souvent posée. Je ne sais pas. Je pourrais dire « le dernier » car c’est celui qui reste encore en mémoire. Quand un livre est terminé, qu’il est parti chez l’éditrice, il ne m’appartient plus. Chaque lecteur va y apposer une part de son subconscient, de sa culture et l’emporter dans son cœur. C’est là le but à atteindre pour un auteur.

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Racontez-nous l’aventure de votre première publication et comment s’est-elle passée ?
J’avais imaginé avant de partir en retraite d’exercer la profession d’écrivain public. C’était un moyen de socialiser tout en faisant travailler mon cerveau. Et alors je me suis dit que ce pouvait être un intéressant héros de roman, d’autant qu’à ma connaissance, ce type d’activité n’avait jamais été utilisée comme thème central de roman. Mais comment commencer ? L’idée est partie tout simplement du thème suivant : un client (dans l’histoire c’est un notaire) pense que sa maman lui cache des pans de son histoire personnelle. Ne parvenant pas à les découvrir, il fait appel à Gwenn Rosmadec pour que celui-ci sous couvert de narrer l’histoire de la famille parvienne à décoder ces manques. C’est parti simplement sur cette idée. Ensuite je l’ai laissée mûrir, grossir et lorsque j’ai commencé à écrire, les choses se sont mises en place pratiquement toutes seules.

Avez-vous des projets en cours, à plus ou moins long terme ?
Vivre ! Profiter de la vie ! Écrire un roman par an ! Faire du bateau ! Voyager ! Jouer de la cornemuse ! Partager mon bonheur avec les miens, les amis et si je le peux avec mes lecteurs !
En général, j’organise un voyage dans le pays où mon héros va devoir aller enquêter. Pour celui qui va sortir en mai je suis allé à Brooklyn en janvier. Pour le prochain, du fait du confinement ça sera plus difficile parce qu’il devait aller à Taïwan ! Mais on y arrivera !

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Quels sont vos auteurs préférés et quel est le dernier livre que vous avez acheté avant de répondre à cette interview ?
J’ai longtemps eu un auteur fétiche : Richard Bach qui avait écrit un petit roman « Jonathan Livingston le goéland », histoire d’un goéland qui apprenait à voler. J’ai aussi longtemps été influencé par la grande dame du roman anglais Agatha Christie. Dans le domaine de la sci-fi Asimov dont j’avais déjà parlé mais aussi Arthur Clarke.
Je suis resté fidèle à ma passion pour la bande dessinée (abonné à Pilote pendant des années, cela a laissé des traces).
L’avènement du livre numérique m’a permis de découvrir des perles dans la mesure où le coût bien inférieur d’un ebook par rapport à un livre papier permet de s’engager sans prendre trop de risques et depuis que j’ai acheté une liseuse je lis beaucoup plus qu’avant, en particulier ceux de mes petits camarades des éditions du 38. Mon dernier achat : « les orchidées de Staline » de Corinne de Vailly. Il me faut d’abord terminer la lecture de « Les larmes de Satan » de ce grand monsieur Gilles Milo-Vacéri .

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III - VOTRE ACTUALITÉ D’AUTEUR

■ Quel est votre prochain titre à paraître ? Son genre ? Chez quel éditeur et quand sera-t-il publié ? « La jument du bout du monde ». Toujours une histoire de mon couple fétiche Gwenn et Soazic Rosmadec. Il sortira le 22 mai aux éditions du 38.


Pouvez-vous nous parler de sa genèse, de ce qui vous a donné l’idée de l’écrire, la phase d’écriture, les difficultés rencontrées, vos recherches, etc ?
J’avais lu dans la presse une invitation pour une « porte ouverte » à une jumenterie à Briec au nord de Quimper. (J’ignorais même ce qu’était une jumenterie). Par curiosité j’y suis allé et ce fut le déclencheur de l’histoire). Pour répondre aux besoins de l’enquête, je suis allé faire un tour en Sicile (la visite des catacombes de Palerme et la rencontre avec le gardien, un moine breton capucin - franchement il faut le faire !!!- a apporté un tour particulier à cette aventure) J’y ai rajouté une intervention d’un gang irlandais de New York d’où ce séjour là-bas et une fois de plus j’y ai pris beaucoup de plaisir. Le plaisir, c’est le véritable moteur de l’écriture. Le jour où il ne sera plus là, j’arrêterai d’écrire (mais ce n’est pas pour demain).

Auriez-vous un scoop, un secret, une histoire ou une exclusivité à révéler sur ce livre ?
Certains personnages sont directement inspirés (du point de vue physique) par des personnes vivantes mais elles m’ont donné leur accord. Le fait d’écrire en pensant à une personne existante est plus facile que de tenter de la créer de toutes pièces. Le résultat est beaucoup plus réaliste et rend crédible la narration.


IV - VOTRE PORTRAIT CHINOIS EN 10 QUESTIONS

Si vous étiez...

Un animal ?  le dauphin
Une couleur ? bleu marine
■ Le titre d’un film ? Lawrence d’Arabie
■ Une devise ? celle des Nicol : celui qui n’avance pas recule
■ Un(e) acteur(trice) ? Harrison Ford
■ Un personnage historique ? William Wallace (braveheart)
■ Un paysage naturel ? la mer
■ Un héros de littérature ou de BD ? Largo Winch
■ Une chanson ? Il en faut peu pour être heureux
■ Une œuvre d’art ? Magritte : l’homme au chapeau melon


V - VOTRE BIBLIOGRAPHIE

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Tous ces titres sont publiés aux éditions du 38

■ L’étrange secret de Marie Cloarec (traduit en allemand et italien)
■ Le fantôme de la tour de Keristin (traduit en allemand)
■ Le Tsar de Bénodet
■ Meurtre à la brasserie celtique (traduit en allemand)
■ Le Bouddha bigouden
■ Le sonneur noir du bagad Quimper
■ L’héritage du sorcier d’Ambon
■ Des babouches à Esquibien
■ Du bois bandé dans le chouchen
■ L’héritage du sorcier d’Ambon
La mémoire volée d’Emmanuelle
■ Les diamants chinois du chevalier breton
■ Cadavres sur commande
■ Pas de crêpes à Trinidad
■ Le meurtre de Joseph Le Roy
■ A l’ombre des fûts de chêne
■ Le faïencier du Guilvinec
■ L’affaire Suzy Zappa
■ Le réveil du blockhaus de Ste Marine
■ La vallée perdue (traduit en allemand)
■ Naufrage mortel aux Glénan

A paraître le 22 mai 2020 :
■ La jument du bout du monde

VI - VOTRE TRIBUNE D’EXPRESSION LIBRE

L’édition numérique a changé la donne. Si des réticences continuent à se faire connaître (le papier c’est mieux, … on peut tourner les pages, … on peut sentir le poids du livre, …etc.), critiques que je respecte, il n’en demeure pas moins que les jeunes, habitués aux écrans n’ont pas les mêmes a priori que leur aînés. La lecture de ebook ne se fera pas que sur des liseuses mais aussi sur les téléphones portables ou des tablettes.
Je constate pour ma part que plus de 90 % de mes romans sont téléchargés. L’avenir est au numérique. Certes il faudra du temps pour que les choses avancent. Et des crises comme celle du confinement. Mais je crois pouvoir prédire sans problème un avènement de la lecture numérique pour ce XXIe siècle



VII - LE MOYEN DE VOUS SUIVRE ET DE VOUS CONTACTER

Compte Twitter : https://twitter.com/Alex_Nicol29
Contact : alex.nicol@outlook.fr


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J’espère que vous avez passé un bon moment avec Sir Alex — pour les intimes ! — et que vous n’avez qu’une envie : déguster une ou plusieurs enquêtes en Bretagne. Rien de plus simple, ses livres sont disponibles partout et je vous donne simplement le lien chez l’éditeur. Vous trouverez ainsi toutes ses œuvres, en numérique ou broché.

Si vous préférez goûter avant tout, les Éditions du 38 vous proposent une série de nouvelles gratuites et Alex a joué le jeu comme beaucoup d’autres. Vous pourrez ainsi découvrir son talent sans bourse délier et je gage qu’ensuite, vous vous précipiterez sur ses enquêtes en Bretagne ! Voici sa nouvelle :




Bonnes lectures et excellente fin de journée !
Amitiés littéraires.

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