La grande
question qui intéressera tous les apprentis auteurs et fera sourire les anciens !
Pour commencer, décortiquons la chaîne du livre. Entre vous, lecteur, et moi,
auteur, un certain nombre d’intervenants gère une partie bien distincte de la
genèse d’un livre.
■ L’auteur écrit un texte.
■ L’éditeur reçoit les manuscrits et fait
le choix de les éditer ou non.
■ L’imprimeur gère toute la fabrication
du livre.
■ Le diffuseur démarche les librairies,
les plates-formes institutionnelles.
■ Le distributeur assume les tâches
logistiques et physiques du livre comme la livraison.
■ Le libraire, enfin, vend les livres qu’il
conseille au lecteur.
On peut retenir
que, bien souvent, l’éditeur et l’imprimeur sont une seule et même entité comme
diffuseur et distributeur se réunissent sous une même enseigne.
Intéressons-nous
de plus près à l’auteur. Généralement, les rétributions des auteurs sont très
clairement établies et demeurent identiques d’une maison d’édition à l’autre.
■ Droits d’auteur livre papier : 8%
■ Droits d’auteur livre numérique :
15%
C’est une
réalité et c’est totalement faux en même temps ! Disons que ces deux
chiffres sont la moyenne constatée pour les auteurs qui ne sont pas en mesure
de négocier et quand bien même, ne pensez pas que les ténors de l’écriture
gagnent beaucoup plus. En France, environ deux mille personnes vivent de leur
plume et pas obligatoirement comme des nababs ! Les droits d’auteur
peuvent aussi être progressifs en fonction du nombre d’exemplaires vendus ou
versés par mensualités à l’auteur sous forme d’avances. C’est une partie
négociable du contrat à compte d’éditeur. Encore faut-il avoir les moyens ou
plutôt, un nom connu pour espérer pouvoir négocier !
Vous avez
compris que pour gagner sa vie, un auteur doit écrire un bon livre et qu’il soit
non seulement bien diffusé mais surtout bien vendu. Un exemple ?
Prenons le cas d’un
livre vendu 20 € en librairie. La TVA représente 1,10 € et le prix Hors Taxes
est de 18,90 €. C’est sur ce dernier que vous toucherez vos droits. Avec 8%, en
moyenne, votre rétribution sur ce livre est donc de 1,51 €. Ajoutez à cela les ventes
pour un débutant qui ne dépassent que très rarement les trois à cinq cents
exemplaires. Nous sommes loin des rêves de gloire et de richesse !
De même, ne croyez
pas que lorsqu’un livre se vend en librairie, l’auteur touche directement ses
droits par un mécanisme quelconque. Chaque maison d’édition procède à un arrêt
des comptes, une fois par an et il n’est pas rare qu’un auteur perçoive ses
droits un an et demi à deux ans après la publication de l’ouvrage.
En parlant de
droits d’auteur, il faut savoir qu’il existe deux mécanismes, largement
utilisés.
■ L’avance de droits. Un auteur,
généralement connu, peut demander une avance de droits à son éditeur. C’est
possible et cela existe. Elle sera défalquée à l’arrêt des comptes.
■ L’à-valoir. C’est ce que verse l’éditeur
avant la publication d’un ouvrage. Celui-ci est négociable et jamais
remboursable, même en cas de nullité des ventes. Cela s’établit de quelques
dizaines d’euros pour les sans-grade à deux ou trois dizaines de milliers d’euros
pour les grands, voire des centaines de milliers pour quelques rares pointures.
C’est aussi un des mécanismes reconnus, utilisé avec une grande discrétion, lorsqu’une
maison d’édition souhaite débaucher un auteur (nécessairement connu) pour l’attirer dans son écurie. De même, si certaines
maisons d’édition l’utilisent, d’autres y sont résolument réfractaires.
Vous en savez un
peu plus sur les droits d’auteur et les mécanismes financiers de l’édition. C’est
parfois bien de recentrer les débats et de ne pas hésiter à parler d’argent. Si
vous voulez gagner votre vie en écrivant, il faut souscrire à des règles
basiques avant même d’envisager le simple fait d’en vivre !
■ Travailler
tout le temps pour devenir un véritable professionnel.
■ Être un
professionnel, c’est simplement être reconnu comme un auteur sérieux.
■ Il faut au
moins trois à quatre années de travail assidu pour se faire un nom.
■ Pour la même
période, oubliez les vacances, les week-ends et les nuits de huit heures.
■ Progresser et
mille fois sur le métier remettre l’ouvrage.
■ Avoir l’inspiration
suffisante pour toujours fournir des textes acceptables.
■ Être un
monstre de patience à la volonté inébranlable.
■ Rester humble
et surtout lucide.
■ Avoir de bons
éditeurs.
En plus de ces
quelques principes, si je devais donner ma vision de l’auteur qui gagne sa vie
en écrivant, ce serait celle-ci.
■ Écoutant les
conseils de ceux qui savent et ignorant toutes les critiques, l’auteur est capable
de fournir dix textes de qualité en un an, avec la régularité d’un métronome,
pendant qu’un autre écrit un seul best-seller en dix années de production
littéraire. Si vous avez des histoires à raconter, que vous le faites bien et régulièrement, vous avez toutes vos chances d'intéresser un bon éditeur.
Alors toujours
tenté par l’aventure ? J’espère que oui et que ce long billet vous aura
apporté un peu plus d’éclaircissements sur notre dur métier et son aspect
financier, trop souvent tabou.
Excellente
journée,
Amitiés
littéraires.