Tout dépend où
l’on se situe... L’éditeur, l’auteur, le libraire, le client, le politique,
etc. aura sa propre opinion et analysera la question avec une vision toute
personnelle. C’est logique... et absurde en même temps. Il y a des faits que
l’on ne peut plus ignorer.
► Les libraires, les vrais, les purs et durs,
les passionnés !
Tout d’abord,
prenons en considération quelques chiffres. J’entends par librairie, le vrai
libraire qui tient un magasin et qui vend des œuvres littéraires, en toute
indépendance. C’est, par définition, un homme ou une femme de l’art, passionné,
capable de conseiller comme de déconseiller et devant être lui-même un lecteur
assidu avant d’être commerçant.
Ce qui élimine,
vous en conviendrez, bon nombre d’autres points de vente. Sans méchanceté aucune,
le chef de rayon de la grande surface du coin, ne peut être considéré comme un
véritable libraire de même que certaines librairies géantes, ne faisant que de
l’abattage de best-seller au détriment du conseil de lecture.
■ Environ 2.500 libraires indépendants en France.
■ 45% des 1.281 communes de l’Île-de-France possèdent au moins une librairie.
■ 1.200 librairies en Île-de-France pour 12 millions d’habitants, soit un
libraire pour 10.000 personnes.
■ Il reste 1.300 libraires pour les 35.497 autres communes et les 53,7 millions d’habitants restants,
soit un libraire pour 41.300
personnes.
■ Par conséquent
les 4/5e de notre
population accèdent quatre fois moins
facilement à une librairie. Oui, 80%
des français sont éloignés de ces points de vente pourtant indispensables...
Pour avoir vécu
dans différentes régions de l’hexagone, je suis en mesure d’affirmer qu’acheter
un livre à Paris ne ressemble en rien au même achat effectué partout ailleurs
en province. En plus de la carte bleue, il faut avoir une voiture, les moyens
de mettre du carburant et beaucoup de temps devant soi. Ne riez pas, faire
cinquante kilomètres pour trouver un vrai libraire n’est pas aussi rare que
vous le pensez. Et en ces temps de crise, l’on prend très vite la mesure du
moindre déplacement même si, quand on aime, on est supposé ne pas compter.
Premier aspect
de ce problème, pour plus de cinquante
millions de nos compatriotes, Amazon et toutes les plates-formes d’achat
sur internet sont une bonne et judicieuse alternative.
On ne peut plus nier ou passer sous silence la désertification culturelle de
nos campagnes. Et notre système de diffusion est pourtant et sans ironie
aucune, le premier en Europe !
► L’émergence du numérique sur le marché
littéraire français.
Si l’on ajoute l’émergence
du numérique, on découvre une autre faille du système.
■ 200 libraires sur les 2.500, vendent simultanément en papier et en numérique.
Ces deux cents
professionnels ne sont pas des apostats à la religion du tout papier ou des
traîtres ! Ils ont simplement senti le vent tourner depuis longtemps et
sont capables de répondre aux demandes numériques, de plus en plus fréquentes,
de leur clientèle. Il paraît que le mouvement s’accélère et c’est tant mieux
pour tout le monde ! Auteurs, éditeurs et libraires en sortiront tous gagnants.
Quant au client, c’est tout simplement royal et une alternative au tout Amazon
ou à l’achat généralisé sur internet ! Cela ne mérite-t-il pas une
réflexion ?
► La part d’Amazon dans la diffusion des
nouveaux auteurs.
Mais quid des petits
auteurs comme je le suis ? Publié à compte d’éditeur, sous format papier
ou numérique, je n’ai que bien peu de chance d’être vendu dans une librairie en
Bretagne ou en Corse et c’est tout à fait normal, car je suis inconnu. Il y a
donc un problème induit par le manque de notoriété. Je l’ai accepté et je fais
tout ce que je peux pour gagner en visibilité.
Et pour cela, je
n’ai pas trente-six moyens fiables. Hormis d’être présent sur toutes les
plates-formes et les librairies en ligne, comment faire savoir, par exemple,
dans un petit village du Nord de la France ce que j’écris ?
■ Une règle d’or : Ce n’est pas le talent, quel qu’il soit, qui
engendre la notoriété d’un auteur et cela n’a jamais induit, ipso facto, une
garantie de ventes massives. Écrire bien n’est pas gage de réussite sans l’apport
de travail, de patience, de volonté et d’un peu de chance.
Cela dit, je
maintiens fermement que rien ni personne ne pourra jamais remplacer un vrai
libraire. Il faut simplement un juste équilibre en toutes choses même si l’on
retombe sur des notions bassement mercantiles où il n’y a guère de place pour
les nouveaux auteurs. Je vous rappelle aussi qu’un auteur qui débute a, pour commencer,
bien peu de chance d’être édité à compte d’éditeur et qu’ensuite, neuf fois sur dix, il ne sera publié
qu’en numérique.
En fonction de
ce qui a été dit supra, l’auteur débutant n’a aucune chance, même s’il est
édité papier, de figurer en bonne place chez les libraires de France et de
Navarre. Le premier tirage d’un débutant n’excédera jamais les 1.000 exemplaires dans le meilleur des
cas. Il sera peu diffusé, car la notoriété est une sanction implacable et, il
ne faut pas leur en vouloir, mais les libraires ne peuvent pas deviner votre
existence. Sans Amazon et consorts, sans
internet, le jeune auteur est condamné à péricliter puis à disparaître.
► En conclusion et par conséquent...
Si vous
additionnez tous ces problèmes, alors vous comprenez qu’Amazon et tous les
autres acteurs du même genre, ne sont rien d’autre qu’une très belle
alternative aux implantations culturelles minimalistes de nos provinces ainsi
qu’une opportunité incontournable dans la diffusion des nouveaux auteurs. Il y
a sans doute une logique dans tout cela et mieux vaut ne pas se voiler la face.
Et pour finir, l’Île-de-France n’est pas la représentation exclusive du
lectorat français.
Parler des frais
de port, des réductions sur les livres ou encore de fiscalité hasardeuse est
beaucoup plus un problème politique qu’autre chose.
Si Amazon a
autant de succès et si, ces dix dernières années, le nombre de librairies s’équilibre
entre les fermetures et les créations (ou
les reprises), c’est peut-être que chacun y trouve son compte sans
réellement nuire aux autres. Certes, il y a le virage du numérique qui sera
plus ou moins difficilement négocié par certains libraires mais si quelques-uns
réussissent, pourquoi pas d’autres ?
Amazon n’est pas
le plus grand « librairophage »
de notre pays, les chiffres en témoignent. Alors à qui profiterait sa
disparition ? À chacun sa réponse.
En
attendant, rien ni personne ne remplacera mon libraire pour me conseiller sur les
achats de livres, ni Amazon pour la diffusion des livres que j’écris et qui
sont vendus partout en France comme dans d’autres pays.
Mesdames et
Messieurs les grincheux, cessez donc de cracher dans la soupe. Celle-ci se fait
rare et vous tombez dans un piège politique qui dépasse le cadre de la
littérature. N’oubliez pas cette petite maxime fort à propos...
Quand
on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage !
Bon week-end,
Amitiés
littéraires.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Exprimez-vous ! Merci d'avance.