vendredi 4 octobre 2013

La grande question... Papier ou numérique ?!



Un jeune confrère m’annonçait, il y a peu de temps, qu’il regrettait d’être édité uniquement en numérique... Ce qui m’a évidemment plongé dans une réflexion aussi profonde qu’intense.
Pour avoir la chance de cumuler les deux casquettes, c'est-à-dire l’édition dite traditionnelle au format papier et, pour l’essentiel de ma production, le tout numérique, j’ai fait un bond de trois années en arrière. Et finalement, la bonne question à se poser est plus certainement la suivante...

Ai-je envie d’être édité, oui ou non ?
Je ne parlerai pas de l’autoédition, des risques qu’elle comporte et de l’erreur commise par ceux qui cèdent aux sirènes de la facilité, aidés par un confortable compte en banque...
Il y a trois ans de cela ou presque, je me demandais comment me faire éditer, où aller, comment présenter un manuscrit et tutti quanti ! Autrefois, car il faut bien s’exprimer ainsi, ne pas être publié en papier était une telle incongruité que l’on oubliait l’essentiel : un contrat d’édition numérique, à compte d’éditeur, représente l’acceptation de votre texte et la possibilité d’être lu. Point.
Depuis, j’ai pu réviser mon jugement puisque je fréquente les deux mondes. De la sorte, je me suis aperçu que beaucoup entretenaient l’abîme entre les deux genres et faisaient tout pour supprimer les passerelles que d’autres s’évertuaient à mettre en place.

Si je suis édité en numérique, mon texte a moins de valeur qu’un autre édité papier ?
Bien sûr que non ! Et pourtant, nous nous sommes tous posé la question. Présenter un manuscrit à un éditeur et décrocher un contrat d’édition, n’est-ce pas bien plus important et plus gratifiant que de rester avec son texte au fond d’un tiroir ?!
Je reste persuadé que les deux genres sont complémentaires et non concurrents comme certains voudraient nous le faire croire. Il y aura toujours des amateurs de la feuille de papier qui glisse sous les doigts comme des adeptes de la liseuse facilement transportable. Les deux méritent le même respect et la même considération, ce qui n’est malheureusement pas le cas aujourd’hui.
Un livre édité, numérique ou papier, reste un texte édité, c’est cela qu’il ne faut pas perdre de vue et devrait nous inciter à revoir notre échelle de valeurs personnelles ! Votre but est-il d’être lu ou de choisir le support pour acquérir d’illusoires lettres de noblesse et ainsi flatter votre ego.

C’est bien beau, mais en France, où en est le numérique ?
La France fait figure de parent pauvre avec ses 3 % de parts de marché quand on regarde les États-Unis (20 %), le Canada (15 %) ou encore le Royaume-Uni (12 %). Est-ce la bonne façon d’analyser les chiffres ? Non, car nous avons du retard. C’est vers la progression qu’il faut se tourner pour la prendre en compte et réaliser ce qu’est vraiment la pénétration du numérique en France. Quelques chiffres sont plus parlants qu’un long discours.
— 27 000 liseuses vendues en 2010 pour 500 000 pour 2013.
2 millions de titres téléchargés pour une progression de 80% du chiffre d’affaires, en France.
— Le marché du numérique double chaque année en France.
40% des lecteurs réguliers lisent en numérique.
— Entre les smartphones, les tablettes, les liseuses et les ordinateurs, le parc total en France est estimé à 27 millions de terminaux et autant de lecteurs potentiels.
— Apple, via son application iBooks, annonce 130 millions de téléchargements (chiffre mondial).

Et nous n’en sommes qu’aux balbutiements du numérique. Alors de grâce, cessez de casser du sucre sur le dos des auteurs numériques et des maisons d’édition qui ont fait ce choix !
La complémentarité des genres est absolument totale et crier au meurtre du livre papier est tout simplement stupide et aberrant. L’émergence d’une nouvelle technologie s’accompagnera toujours de ce combat d’arrière-garde qui appartient aux frileux ou aux petits esprits.
Il est malheureusement vrai que la France est un curieux pays. Quand la première ligne de métro a été ouverte à Paris, le 19 juillet 1900, il a fallu payer les premiers passagers pour que les parisiens osent acheter les premiers tickets...

En conclusion, c’est le même débat inutile que ceux qui crient au scandale avec Amazon et toutes les plates-formes de ce type sur internet... Dans tous les cas, Messieurs les moralisateurs, essayez d’imaginer que tout le monde n’habite pas à Paris et que nous n’avons pas tous une librairie au coin de la rue. Ensuite, il faut bien vendre les livres numériques quelque part ou sans doute faudrait-il, selon vous, moraliser pour ne pas dire sacraliser la démarche éditoriale numérique ? Et comme d’habitude, seuls les grands auteurs devraient encore une fois tirer leur épingle du jeu ? De quoi rire si ce n’était pas aussi bête à pleurer.

Mais alors, expliquez-moi... Quid des nouveaux auteurs ?
La littérature doit-elle rester l’affaire de quelques rares élus dont l’élitisme abscons serait le fruit des choix hasardeux et souvent commerciaux de quelques éditeurs, maîtres du jeu sur le marché du livre ? Si l’auteur est un libre-penseur, doit-il être privé de sa liberté de choix à l’égard de son mode de diffusion ? Et qui a affirmé qu’un livre papier avait plus de valeur qu’un ouvrage numérique ? Il faut toujours se poser les bonnes questions... surtout quand on est un jeune auteur.
Tout le monde a le droit de vivre, de travailler et de tenter sa chance. Encore faut-il que l’on puisse le faire sans s’attirer les foudres des intégristes du papier ou pire, sans tomber dans l’anonymat des foules, ce qui, dans notre difficile métier, conduirait à la mort symbolique et inévitable de l’auteur, aussi talentueux soit-il.
Parce qu’au-delà de cette guerre fratricide que j’estime nulle et non avenue, au-delà des supports de diffusion, des librairies et de l’internet, le seul pour qui l’on doit vraiment se battre, demeure le lecteur, qu’il soit numérique ou papier et pourquoi pas, les deux ensemble !

À bon entendeur, salut !
Excellente journée à tous,
Amitiés littéraires.

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