jeudi 20 novembre 2014

Y'a d'la romance dans l'air...



... Le smoking de travers, J'te suis pas dans cette galère, Ta vie tu peux pas la r'faire... ♪♫
Oui, je sais, c’est un peu osé comme provocation musicale et Monsieur Souchon ne m’en voudra pas d’avoir détourné sa chanson sublime pour lancer mon sujet ! Enfin, je l’espère. Nous allons donc parler de romance, car le sujet me taraudait depuis un moment !


Ma première rencontre avec la romance
C’est au cours des années lycée, alors que je suis un cursus littéraire (A5 pour les anciens), que je décide, cette après-midi-là, d’aller chez une copine pour... réviser. Hum... Avant d’attaquer le programme de révisions intenses, je me penche sur ses bibliothèques dégorgeant de livres, comme les miennes (à l’époque). Et tout à coup, je lui fais la peur de sa vie en poussant un cri d’horreur. J’avais devant moi des étagères couvertes de livres publiés chez Harlequin... Vade retro satanas ! Gros fou rire de ma copine qui me met l’un de ses livres entre les mains.
— Tiens, tu liras et après, on en parle.
Après ce court intermède, nous sommes repartis aux révisions et... bref. De retour chez moi, je me suis jeté sur le bouquin, ayant besoin de repos (après les révisions, etc.). J’ai donc lu ma première romance vers dix-sept ans. À cette époque, je lisais quatre ou cinq livres par semaines (en plus des ouvrages scolaires obligatoires). Ken Follet, Thomas Harris ou James H. Chase s’empilaient sur ma table de chevet, parmi les Kipling, Verne, Hugo et autre Saint-Exupéry... Alors, la romance était loin de retenir mon attention. Je lui ai rendu sans oser avouer que je ne l’avais pas fini. Fin de l’histoire.

La romance, un genre littéraire ou pas ?
Désolé pour les détracteurs ou les incrédules, mais c’est et de loin, l’un des genres les plus courus en matière de paralittérature dans l’hexagone et un véritable genre littéraire outre-Atlantique. Aux États-Unis, le chiffre d’affaires de la romance représente 1,5 milliard de dollars ! Le polar n’en fait pas la moitié et la SF, à peine un tiers. C’est vous dire si nos amis américains sont sensibles au genre. Bien, maintenant, ceci n’est qu’un chiffre d’affaires et il ne présage en rien de la qualité des écrits... Il n’y a qu’à voir où les pauvres sont tombés avec le dramatique Fifty Shades of Grey. Je n’en dirai pas plus.

Une romance, c’est quoi ?
C’est un anglicisme, pour commencer. Notre bonne vieille romance est tirée de Romance novel ou roman d’amour, dont les premiers titres respectant les codes en usage encore aujourd’hui, remontent au XVIIIe siècle. Ses lettres de noblesse seront écrites le siècle suivant et essentiellement par des écrivains anglais ou américains.
Les codes sont simples, un homme, une femme, une histoire d’amour et une fin heureuse. Point. Inutile de s’emmêler les pinceaux avec une intrigue, du suspense ou des personnages secondaires plus ou moins méchants. Tels étaient les codes de jadis et vous verrez que cela n’a que peu changé.

Quels sont les genres et techniques actuels de la romance ?
Il existe de nombreuses déclinaisons de la romance. Depuis les origines, les auteurs ont largement étoffé la fadeur des scénarios en modernisant l’esprit du genre. Elle peut être contemporaine, historique, érotique, à base de polar, de SF même... C’est la romance moderne et à épisodes qui séduit en majorité le lectorat féminin car la lectrice peut facilement s’identifier à l’héroïne. Sinon, les codes de base sont identiques : une histoire d’amour et une fin heureuse, la différence essentielle étant l’intégration des couples MM ou FF (gay et lesbien).
Techniquement, la romance est écrite neuf fois sur dix par une femme, en respectant le point de vue de l’héroïne et doit s’inscrire dans un cadre de deux cent cinquante pages, environ. Le schéma secrétaire + patron ou riche milliardaire + femme pauvre est encore très souvent utilisé.
Les données négatives y sont interdites, tels le viol, la drogue, l’alcool, etc. et l’on retrouve bien là le puritanisme d’origine si cher à nos amis anglo-saxons. Heureusement qu’en France, les auteurs ont su se démarquer de cette bêtise proverbiale et hypocrite. Nos auteurs ajoutent de l’humour, des intrigues, du suspense, même si cela reste superficiel et comme faire-valoir à l’histoire d’amour. Sans faire de protectionnisme stupide, nos auteurs français ont une longueur d’avance !

La romance et moi !
Oui, il fallait bien que j’aborde le sujet... Donc, après ma première rencontre avec ce genre littéraire, je suis devenu auteur et plus de trente ans après quelques années après, j’ai lu des romances (jusqu’au bout cette fois). Eh oui, n’oubliez pas que je publie mes nouvelles érotiques chez Harlequin - HQN ! Et quel éditeur est le mieux placé pour parler de romance que celui-ci ? Lors d’une opération, je m’étais essayé au genre avec une micronouvelle que vous pouvez lire intégralement à la rubrique Harlequin - HQN de ce blog. Mes lectrices avaient apparemment apprécié. Disons que c’était un début insuffisant mais au moins encourageant.
Comment en suis-je arrivé à relire des romances ? Tout simplement parce que j’aime relever les défis. Si j’écris des délires sexuels de tous bords, si j’aime plonger mes récits dans l’histoire ou encore dans le suspense d’un bon thriller, voire l’intrigue à tiroirs d’un polar, je voulais m’essayer au genre de la romance.
Et je me suis planté !
Je n’étais pas hors sujet mais je ne respectais pas les codes en usage. Pour mieux comprendre, poussé par mes deux éditrices - merci Karine et Sophie - j’ai donc lu quelques titres HQN et m’en suis procuré ailleurs pour sortir de la ligne éditoriale maison. C’est ainsi qu’une vérité m’a sauté à la figure. On ne s’improvise pas auteur de romances et on ne joue pas avec les codes du genre. Et croyez-moi, c’est un métier, un vrai, qui ne souffre aucune approximation. J’étais donc loin de maîtriser cet aspect du métier d’auteur et j’ai essayé d’apprendre afin de progresser. Le résultat, eh bien, nous en reparlerons une autre fois.

Conclusion
Le genre est porteur et si vous savez utiliser les codes de la romance, je ne saurai trop vous conseiller de vous y mettre ! Par contre, si vous souhaitez sortir des sentiers battus, faire de l’innovation ou casser les codes, oubliez tout de suite votre projet ! Vous ne serez pas publié et vous perdrez votre temps. Toutes les maisons d’édition qui proposent de la romance à leur catalogue ont des cadres définis et bien plus stricts que vous ne l’imaginez.
C’est un véritable métier que d’écrire une romance et il n’y aura que très peu d’élues ! Je mets volontairement élue au féminin, car les hommes n’y ont pratiquement aucune chance.

Quant à moi, ce sera le smoking de travers et une véritable galère dans laquelle je me suis embarqué volontairement... Et de toute manière, j’peux pas r’faire ma vie !
Sur ce, je retourne à mon thriller.

Excellente journée !
Amitiés littéraires.

2 commentaires:

  1. :) la romance... suivant le shéma de conditionnement : "Un jour mon prince viendras..." N'empeche que 50 nuances a fait un carton ! C'est surement parce que vous etes un homme ? Les romance c'est pour les filles non ?

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    Réponses
    1. Bonjour Aline,
      La romance est un domaine vraiment féminin, c'est tout à fait vrai, maintenant le carton de Fifty est tout relatif et se limite à un bon produit marketing bien financé. Point.
      Je vous invite à découvrir l'érotisme français pour comprendre la différence. :)) et surtout nos auteurs impliqués dans la romance qui sont tous des femmes, il est vrai ! Bravo à elles toutes...
      Merci pour votre passage et votre petit mot. À une prochaine fois, j'espère ?
      Bien cordialement,

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