Comme je viens
de l’annoncer, voici la première interview d’un blog littéraire. Thomas Galley est donc l’administrateur
de La Bauge Littéraire et je vous
invite à le découvrir. Histoire d’enfoncer le clou, je vous précise simplement
que le français n’est pas la langue natale de Thomas et cela en laissera plus d’un
songeur.
INTERVIEW THOMAS GALLEY
LA BAUGE LITTÉRAIRE
■■■
I - VOUS
1/
Parlez-nous de vous. Quel est votre premier métier, votre parcours, etc.
Oulala, ça
remonte loin, hein ?! Bon, j'ai tout d'abord fait des études de philologie
française, des études donc qui m'ont permis de plonger la tête la première dans
un univers qui m'a toujours paru plus vivant que la soi-disant réalité tout
autour de moi, celui des mondes imaginés. Ensuite, j'ai eu la chance de
terminer mes études au moment de l'éveil de l'informatique réseautée. C'est
ainsi que je me suis retrouvé embauché par un des premiers fournisseurs d'accès
de la région de Cologne, et que j'ai pu collaborer à l'extraordinaire aventure
d'internet, de la mise en communication du monde entier. J'étais donc bien
placé pour établir un trait d'union entre ces deux domaines et de me servir du
réseau mondial pour parler de littérature, un premier amour auquel je suis
toujours resté fidèle.
2/
Quelles sont vos passions en dehors de la lecture ?
L'Art, sans
hésiter ! Et dire que je suis passé longtemps à côté de ça… Je dois la
découverte de cet univers-là à ma femme qui m'a traîné dans le musée des
beaux-arts de Cologne, sous prétexte qu'il fallait éduquer les enfants, et
bien, celui qu'elle a fini par éduquer, c'était son mari. Encore que j'espère
que les filles ont, elles aussi, profité de ces séjours parfois assez
prolongés. Depuis, je ne rate aucune exposition, je choisis les villes que je
visite en fonction de leur paysage muséal et je préfère passer mes journées
entouré de tableaux plutôt que sur les terrasses. Il n'y a qu'à lire certain
chapitre des Aventures intimes de Nathalie pour se rendre compte de
l'importance de l'Art dans mon parcours d'auteur.
Avant de passer
à la prochaine question, il faut ménager un peu de place à la musique, une
autre de mes passions. Imaginer un monde sans musique, impossible ! C'est
d'ailleurs en écoutant un enregistrement de DorotheeOberlinger, une flûtiste allemande, que je rédige ces
réponses ;-)
3/
Pourquoi et comment êtes-vous devenu(e) blogueur (blogueuse) littéraire ?
C'est ce que
j'ai essayé d'expliquer plus haut. C'était un peu le cheminement logique de
celui qui, fervent amateur de littérature, s'est retrouvé dans une boîte dont
la vocation a été de faciliter la communication et de permettre à tout le monde
d'accéder au réseau universel. Et pourtant, quand j'ai ouvert mon premier blog,
c'était plutôt une sorte de journal où je racontais mes journées, mes
rencontres, mes voyages. Mais une fois la structure établie, la littérature
s'est vite imposée comme une évidence.
■
II - VOTRE BLOG ET VOUS
4/
Parlez-nous de votre blog et son architecture (hors technique). Votre blog
est-il spécialisé dans certains domaines littéraires ? Sa date de
création ? Quelques statistiques de fréquentation ?
Comme je l'ai
déjà dit, j'ai commencé mon blog (qui a plusieurs fois changé de plate-forme
avant de trouver sa configuration actuelle) comme une sorte de journal. Je me
suis réorienté vers la littérature il y a à peu près quatre ans, peu après
avoir commencé la rédaction de mon premier roman, L'aventure de Nathalie.
Ce roman, que je ne qualifierais pas vraiment d'érotique malgré la présence
d'une très forte dose de sexe, a d'une certaine façon orienté mon regard
vers l'érotisme littéraire. Et
figure-toi que les premiers textes sur lesquels je suis tombé, plus ou moins
par hasard, au gré de mes randonnées sur Google, se sont révélés de véritables
chefs d’œuvre, LeManoir d'Emma Cavalier et Perle
d'Anne Bert. Une fois entré dans cette voie, il est difficile d'en sortir, et
la littérature érotique est sans aucun doute le point fort de la Bauge
littéraire. Ce qui ne veux pas dire que je me laisse imposer des œillères !
Loin de là, je regarde dans toutes les directions, et j'ai eu l'occasion de
parler de textes excellents comme le grand roman d'Hervé Fuchs, LesFolles de la Nationale 4, Atlantido
du Comte Kerkadek, un périple picaresque et littéraire, ou encore Lapile de Pont d'Audrey Betsch, un roman comme un coup
de poing en pleine gueule, ma première lecture d'ailleurs de chez
Numériklivres, un éditeur dont je suis de très près l'évolution, indépendamment
du fait que mes propres textes sont publiés chez eux.
5/
Comment choisissez-vous les livres que vous lisez ?
La plupart du
temps, c'est en furetant sur la toile, le plus souvent d'ailleurs à travers
Facebook. C'est là que j'ai découvert, à travers leur page, La Bagatelle,
minuscule maison numérique de Nicolas Cartelet qui a publié, entre autres, un
excellent texte d'Éric Mouzat, Petites confidences estudiantines. Ensuite, il y a
certains éditeurs dont la qualité n'est plus à démontrer, comme – évidemment – Numériklivres,
Les Éditions de Londres,
Publie.net,
Walrus Books,
Dominique Leroy
et tant d'autres, dont je consulte très régulièrement les catalogues. Parfois
il y a aussi des auteurs qui me contactent pour me proposer leurs textes, et
certains éditeurs m'envoient leurs titres
sans que j'aie besoin de me manifester.
6/
Quelle est votre position à l’égard des SP (Service Presse) et comment les
traitez-vous si toutefois vous avez des partenariats avec des maisons
d’édition ?
Il y a des
éditeurs qui m'envoient leurs textes de façon plus ou moins régulière, des
maisons jouissant d'une certaine renommée dans le domaine érotique. Mais ce
n'est pas pour cela que je suis plus gentil envers leurs auteurs. Je pense que
certains ont même gardé un souvenir plutôt mauvais de leur passage dans la
Bauge. Mais j'essaie quand même de rester sympa à l'égard des auteurs. Tout
d'abord, mon avis n'est justement que ça, un avis parmi tant d'autres, et
d'autres lecteurs peuvent avoir des idées diamétralement opposées aux miennes.
Ensuite, je sais à quel point l'écriture peut être épuisante, et ce n'est pas
moi qui voudrais dégoûter qui que ce soit de cette activité-la ! Il m'est
quand même déjà arrivé de sortir de ma réserve, et certains ont pu me reprocher
un ton assez « rugueux ». Il n'est pas facile de me mettre en colère,
mais il y un moyen sûr pour y arriver, c'est quand je flaire de la suffisance.
Cela m'insupporte, et je ne peux m'empêcher de réagir, voilà.
7/
Quelle est votre fréquence de lecture et en moyenne, combien de chroniques
rédigez-vous par mois ?
J'essaie de
publier au moins un article par semaine, et je pense que c'est un pari plus ou
moins tenu. Il me faut un certain temps de réflexion avant de pouvoir parler
d'un texte. Très souvent, je rumine des idées pendant plusieurs semaines, et
puis il y a comme un déclic, je sais que cette fois, c'est la bonne, et je me
mets à écrire. C'est pour cela que ce n'est pas rare de voir passer un mois
voire plus entre la fin de la lecture et la parution de l'article.
Malheureusement, je n'arrive pas à rendre compte de toutes mes lectures non
plus, mais cela me demanderait un temps dont je ne dispose tout simplement pas.
8/
Quelle est votre position à l’égard des supports ? Lisez-vous uniquement
en numérique, sur papier ou les deux ? Expliquez vos préférences.
Je n'ai pas
vraiment de préférence, je sens seulement que, depuis trois ou quatre ans,
c'est dans le numérique qu'il y a les textes les plus intéressants. C'est là qu'on
trouve des auteurs dont certains ont galéré pendant des années pour se faire
publier par les éditeurs traditionnels, des auteurs qui n'ont pourtant rien à
envier à ceux dont on nous remâche les noms à l'occasion des rentrées et des
prix littéraires. Je ne voudrais pas bêtement répéter toutes les histoires
mille fois entendues de copinage littéraire et de la grande conspiration
germanopratine pour expliquer la fortune des uns et l'oubli des autres, je suis
beaucoup trop loin des milieux littéraires parisiens pour me permettre un
quelconque jugement, je me borne à constater que l'édition numérique a été,
pour certains, l'occasion de se faire enfin publier. Et je suis bien placé pour
pouvoir affirmer que cela a valu le coup et qu'il y a bien des découvertes à
faire en faisant confiance aux petites maisons pure player. Ceci étant
dit, je ne vois pas le numérique comme le grand prédateur qui fera disparaître
le papier. C'est sans doute l'attitude très pragmatique de Jean-François
Gayrard, le patron de Numériklivres, qui est la bonne : l'édition
numérique est complémentaire au papier, la littérature existe indépendamment du
support, et un éditeur est tout d'abord un éditeur quel que soit le support
choisi. Avant de passer à la question suivante, il faut aussi parler des
auteurs auto-édités dont la plupart ont fait le passage vers le numérique en
choisissant la plate-forme d'Amazon. Là, ça ressemble à une jungle, mais cela
vaut la peine de se laisser tenter par cette aventure. Cela n'arrive pas tous
les jours, mais on y trouve des perles, même si la tâche peut être pénible et
demande un certain effort.
9/
Pourriez-vous expliquer votre système de notation ou votre barème et nous
expliquer par quel moyen vous mettez en adéquation votre ressenti de lecture et
vos notes ?
Je ne donne pas
de notes. Ce n'est pas pour avoir renoncé à devenir prof que je vais m'acharner
sur de pauvres auteurs maintenant. Je pense que mes lecteurs sont assez
intelligents pour comprendre que je leur donne un avis. Un avis qui, il est
vrai, peut parfois être très enthousiaste, mais qui restera toujours très
personnel. La littérature, cela existe aussi et surtout dans la tête des
lecteurs, et c'est là que le texte, lâché dans le monde par son auteur, prend
tout son sens, et trouve parfois une interprétation au moins aussi originale
que le texte lui-même.
10/
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait se lancer dans
l’administration d’un blog littéraire ? Les pièges à éviter ? Les
meilleures plates-formes ? La gestion des relations éditeurs, auteurs,
autres blogs ?
Pour moi, la
Bauge est avant tout une passion, un lieu où je peux m'exprimer, partager mes
découvertes, nouer des contacts aussi, discuter parfois, une passion qui a déjà
fait naître des amitiés. Une passion en dehors des contraintes économiques, un
espace de liberté. C'est dans cet esprit-là que j'ai opté pour une installation
Wordpress hébergée chez un fournisseur choisi en fonction de sa réputation et
de sa fiabilité. Cela me permet de garder un contrôle presque entier sur
l'environnement dans lequel je travaille et d'éviter à mes lecteurs d'être
inondés par de la publicité. Et celle-ci peut être un vrai fléau chez certains
hébergeurs ou plate-formes soi-disant gratuits. Cela me coûte donc de l'argent
au lieu de m'en rapporter, mais si c'est le prix de la liberté, je n'y vois
aucun inconvénient. Ceci étant dit, je peux tout à fait comprendre que d'autres
n'ont pas envie de payer pour leur hébergement, et je conseillerais a ceux-ci
de se lancer avec wordpress.com,
un hébergeur très renommé et assez facile à administrer.
Quant aux
éditeurs, il ne faut pas avoir peur de les contacter et de leur demander des
SP. Il va de soi qu'une telle demande passera mieux s'ils peuvent se faire une
idée de votre écriture en consultant vos articles, si vous ne les renvoyez donc
pas à un blog vide, mais comme tout blogueur littéraire est aussi un grand
lecteur, cet obstacle-ci ne me semble pas insurmontable. Ensuite, et je ne
saurais assez souligner cela, si vous recevez un SP numérique, que ce soit de
la part d'un éditeur traditionnel ou d'un pure player, ne le partagez
avec qui que ce soit, sous aucun prétexte ! Ce serait faciliter le
piratage et priver les auteurs de leurs droits. Et cela inciterait sans doute
les éditeurs à établir une politique plus restrictive à l'égard des blogueurs.
Pour ce qui est
des auteurs, je vous conseille de la sincérité. Si vous pensez qu'un texte est
raté, dites-le en argumentant, mais ne soyez pas désobligeant. Certains aiment
piétiner un auteur qui a eu le malheur de leur déplaire, quant à moi, je n'ai
jamais compris l'intérêt d'une telle démarche.
■
III - LES LIVRES ET VOUS
11/
Quel est votre auteur étranger préféré ?
Étant donné que
je suis Allemand, est-ce que je peux choisir un auteur francophone ? Dans
ce cas-ci, je citerais Stendhal dont Le rouge et le noir m'a ouvert le
monde de la littérature dès l'âge de 15 ans. Si je dois citer un
non-francophone, il y a deux noms qui s'imposent, Schiller, le Shakespeare
allemand, et Tolstoï qui a poussé plus loin que quiconque l'exploration de
l'âme.
12/
Quel est votre auteur français préféré ?
Si on part du
nombre de titres dans les rayons de ma bibliothèque, j'hésite entre Dumas et
Balzac. Mais je donnerais la préférence à Barbey d'Aurevilly, le romancier
auquel j'ai consacré mon mémoire de maîtrise.
13/
Quel est le livre qui vous a le plus bouleversé ?
Dan Simmons, Les
Cantos d'Hypérion, le seul roman qui m'ait fait pleurer.
14/
Quel est le livre qui vous le plus fait rire ?
Les comédies de
Molière.
15/
Quel livre n’avez-vous pas lu jusqu’au bout ? Pourquoi ?
Il y en a eu,
mais, franchement, je ne saurais plus te citer ne fût-ce qu'un seul nom. C'est
sans doute qu'ils ont été aussi barbants que j'ai préféré les oublier.
16/
Quel est votre livre préféré ? Pourquoi ?
Tolkien, Le
Seigneur des Anneaux. J'ai lu ce texte au moins cinq fois, et j'ai toujours
l'impression de pénétrer dans un terrain vierge, un terrain qui finit à chaque
fois par m'absorber, et c'est là sans doute son secret, ce mélange entre
connaissance intime et surprises éternellement renouvelées.
17/
Depuis que vous lisez, combien pensez-vous avoir lu de livres ?
Des milliers, je
ne suis pas capable de te donner un chiffre plus exact, désolé.
18/
Quel est le livre le plus ancien de votre bibliothèque, numérique ou
papier ?
Stendhal, Le
rouge et le noir, dans la traduction allemande, Rot und Schwarz.
19/
Quel est le dernier livre que vous avez acheté avant de répondre à cette
interview ?
Christophe Semont,
LaNiña Blanca.
■
IV - VOTRE TRIBUNE D’EXPRESSION
LIBRE
20/
Vous avez la parole !
Ben, je te
remercie de m'avoir donné cette occasion de me présenter, moi et mon petit bout
de travail littéraire. Cela fait un certain temps que je fréquente les blogs
littéraires, et je constate que cet univers-là est en train de prendre de plus
en plus d'ampleur et de devenir une étape incontournable pour les éditeurs et
les auteurs. Je suis très heureux d'être un témoin et surtout un acteur de cet
instant privilégié qui voit l'émergence de nouvelles infrastructures qui
finiront, j'en suis convaincu, par modifier les engrenages de la machine
éditoriale et les relations entre les différents acteurs. La blogosphère est un
univers en ébullition et personne ne saurait dire avec un semblant de sérieux à
quoi elle ressemblera d'ici cinq ans, mais je suis convaincu qu'elle sera
toujours bien présente, parce qu'elle répond à un besoin de celles et de ceux
qui aiment la littérature – celui de s'exprimer.
■
V - LES MOYENS DE VOUS CONTACTER
■
Adresse de votre blog :
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Votre page de
présentation : http://about.me/thomas_galley
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Votre page de
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Votre adresse email :
thomas.galley@gmx.de
Bonne journée,
Amitiés
littéraires,
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