Hier soir, je
discutais avec un ami sur le vaste sujet de l’édition et je me rends compte que
cette partie de notre métier échappe encore à beaucoup d’entre vous. Reprenons
un peu l’ordre des choses...
■ L’auto-édition
Vous ferez tout
de A à Z, de l’écriture à la vente de votre ouvrage, en passant par la
correction et l’impression. Si vous passez par un intermédiaire, vous devrez assumer
toutes les dépenses, serez titulaire de l’ISBN (International Standard Book Number – la carte d’identité de votre livre)
ainsi que de tous les droits inhérents. Vous devenez votre propre éditeur, même
en passant par un prestataire de services.
■ L’édition à compte d’auteur (appelée aussi
participative)
Vous passez par
une société tierce qui se charge de tout, mais à vos frais pleins et entiers ou
partiels. Vous ne pouvez pas bénéficier d’un contrat d’édition, mais d’un
contrat de prestation de services, ce qui est tout à fait différent. Comme l’auto-édition,
vous devrez vous charger de la diffusion, de la publicité, etc. de votre
ouvrage.
■ L’édition à compte d’éditeur
C’est le seul contrat d’édition qui peut
juridiquement porter un tel nom. Vous proposez un manuscrit, si l’éditeur l’accepte,
il le publie, le diffuse, à ses frais pleins et entiers. Vous n’avez pas un
centime à débourser et comme vous lui cédez vos droits de propriété
intellectuelle, vous ne percevrez que des droits
d’auteur.
Après ce
préambule, vous avez bien compris que dans ces modes de publication, il y a des
avantages, des inconvénients et des pièges grossiers à éviter. Je reviens sur
des notions de cadre légal, précédemment indiquées sur ce blog, à commencer par
les différents acteurs du monde de l’édition.
■ Rappel sur la chaîne de l’édition
Vous avez écrit
un manuscrit, voyons comment il pourra arriver entre les mains de vos lecteurs.
Entre parenthèses, la part rétributive pour chacun, exprimée en pourcentage du
prix hors taxes.
♦ L’auteur écrit
un texte (8 %)
♦ L’éditeur
reçoit les manuscrits et choisit de les éditer ou non (15 %)
♦ L’imprimeur
gère toute la fabrication du livre (18 %)
♦ Le diffuseur
démarche les librairies, les plates-formes institutionnelles (13 %)
♦ Le
distributeur assume les tâches logistiques comme la livraison (11 %)
♦ Le libraire,
enfin, vend les livres qu’il conseille au lecteur (35 %)
Cela s’entend
pour l’édition à compte d’éditeur et
dans cette hypothèse, l’auteur ne traite qu’avec l’éditeur, le seul juridiquement habilité à superviser
le reste de la liste.
Nota :
Dans le cadre du numérique, certaines étapes sont de facto écartées et l’auteur
perçoit des droits qui s’échelonnent entre 15 et 30 %.
■ Contrat d’édition papier ou numérique ?
Un contrat
d’édition, dûment écrit, établit la cession d’une œuvre écrite par un auteur, à
un éditeur qui a accepté de la publier et de la diffuser. C’est le cadre
juridique du Code de la Propriété Intellectuelle
(C.P.I.).
Certains
affirment que le contrat d’édition numérique n’existe pas. Eh bien, c’est vrai,
au même titre que le contrat d’édition papier n’existe pas non plus. Le papier
et le numérique ne sont que des médias, autrement dit, des moyens de diffuser l’œuvre et non le but du contrat en lui-même. Ce
lien contractuel établit toutes les modalités de cette entente, négociée de gré
à gré, incluant les précisions nécessaires quant au(x) support(s) retenu(s).
■ Contrat à compte d’auteur (plein ou
participatif) – L 132-2 & 132-3 du C.P.I
Le prestataire
de services vous présente un devis et si vous êtes d’accord, vous payez tout ou
partie des frais inhérents à la publication, puis à la diffusion de votre
œuvre. C’est à vous de voir ce que vous souhaitez et si vous avez les moyens de
le faire.
Pour conclure, le
contrat à compte d’auteur est un contrat
commercial et n’a jamais été un contrat d’édition.
Rappel
Art. L 121-1 Code du Commerce :
Sont commerçants ceux qui exercent des
actes de commerce et en font leur profession habituelle.
■ Contrat d’édition à compte d’éditeur
(papier et/ou numérique) – L 132-1 du C.P.I.
Reportez-vous au
lien en fin d’article, vous trouverez toutes les mentions légales que doit
comporter un véritable contrat d’édition en version commentée et très claire,
même pour un néophyte. Pour le résumer, c’est très simple, vous n’avez rien à
payer. Le reste rejoint l’argumentation juridique et décline les droits et
obligations des deux parties.
■ Quelques notions juridiques essentielles
Les œuvres de
l’esprit sont protégées par les dispositions contenues dans le Code de la
Propriété Intellectuelle (CPI). Pour être protégée, une œuvre doit remplir deux
conditions cumulatives.
♦ Être originale
Une œuvre est
généralement considérée comme originale lorsqu’elle représente l’expression de
l’effort intellectuel de l’auteur qui l’a réalisée et/ou lorsqu’elle porte
l’empreinte personnelle de celui-ci.
♦ Être mise en forme
La création doit
avoir atteint une certaine concrétisation, sans nécessairement qu’elle soit
achevée. Par exemple, les idées, les concepts ne sont pas protégeables.
♦ La protection légale par le droit d’auteur
Est conférée à
l’auteur du seul fait de la création d’une œuvre de l’esprit et n’est pas
subordonnée à l’accomplissement de formalités ou de dépôt. Toutes les œuvres
créées sont soumises de facto au droit d’auteur et donc toute exploitation
d’une œuvre nécessite l’obtention d’une autorisation de la part de son auteur.
Nota :
Je passe rapidement sur la protection de l’œuvre en elle-même, sur la
déclaration d’antériorité, etc. (cf. rubrique Conseils de ce blog).
■ Le statut social et fiscal de l’auteur en
fonction de son mode d’édition
Distinguons tout
de même deux genres d’auteur bien distincts.
♦ Si vous
publiez un seul livre dans toute votre vie, ne vous mettez pas martel en tête,
cette activité n’aura que peu d’incidence, même dans l’auto-édition ou à compte
d’auteur. Vous ne courez aucun risque sauf à avoir écrit un best-seller !
♦ Par contre, si
les ventes de vos livres sont conséquentes, attention à ce que vous faites et
réfléchissez bien à votre mode d’édition !
■ L’auteur publié à compte d’éditeur
Vous ne percevez
que des droits d’auteur sur vos œuvres. Si ces droits annuels s’élèvent à 900
fois le Smic horaire (8487 € en 2013),
vous devrez cotiser à l’AGESSA, la Sécurité Sociale des auteurs. Fiscalement,
vous êtes sensiblement dans la même case qu’un salarié lambda.
■ L’auteur auto-édité ou publié à compte d’auteur
Vous
ne percevez pas de droits d’auteur et vous avez une activité d’édition, autrement dit commerciale et si votre but est bien de
vendre vos œuvres, vous devrez impérativement avoir un statut de personne
morale pour effectuer ces dites actions, à commencer par le plus évident,
facturer vos livres à un libraire ! Nom propre, auto-entrepreneur, SARL,
EURL... Seul un expert-comptable saura vous renseigner au mieux de vos intérêts.
■ Conclusion
Faites toujours très
attention à ce que vous faites et ce que vous signez.
Seul un éditeur,
travaillant à compte d’éditeur, est légalement habilité à vous verser des
droits d’auteur. Méfiez-vous dès que votre « éditeur » vous demande une participation, des frais de
réalisation de maquette ou encore, vous présente un devis pour la conception de
la couverture, etc. Un auteur ne doit
jamais rien payer et le véritable éditeur doit estimer la viabilité de
votre projet, c’est ce que l’on appelle le
risque éditorial et c’est aussi ce qui explique la rareté de ce type de
contrat d’édition.
N’hésitez pas à
prendre des conseils auprès de gens compétents qui maîtrisent la propriété
intellectuelle, le système de l’édition et les droits, tant sociaux que
fiscaux. Compte tenu de la complexité et des subtilités de l’édition, vous avez
bien compris qu’il faut garder les yeux ouverts pour ne pas tomber dans des
pièges souvent bien dissimulés et transformer ainsi votre joli rêve en cauchemar !
■
Le contrat d’édition :
http://www.sgdl.org/juridique/contrats/contrat-d-edition
■ AGESSA : https://www.agessa.org/
■ Syndicat National de l’Édition : http://www.sne.fr/
■ Syndicat National des Auteurs et
Compositeurs : http://www.snac.fr/
■ Société des Gens De Lettres : http://www.sgdl.org/
Très belle
journée à tous !
Amitiés
littéraires.
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