vendredi 8 juillet 2016

Un soir de juillet...





Eh bien, voilà, c’est fait, je suis installé ou presque sur la région parisienne. Il me reste encore beaucoup de choses à caler, des problèmes techniques de connexion qui ne cessent de réapparaître à chaque fois que je me crois sorti d’affaire. C’est franchement agaçant !

Le voyage a été long, l’installation chaotique et tout cela me laisse un goût un peu amer, quoique toujours teinté d’espoir. Il faut y croire, mais quand je regarde ce qui m’attend, j’avoue que j’ai tendance à soupirer et à détourner le regard. Non, je ne fuis pas, c’est juste un peu de fatigue, de vague à l’âme...
Ici, vous n’existez pas, les gens sont rarement sympathiques ou avenants, ne disent pas bonjour et vous regardent ébahis quand vous avez le malheur de les saluer ou de sourire. Étrange... Bien entendu, tout est différent et pour ne prendre qu’un exemple, si vous n’avez pas de GPS, vous n’en sortirez pas vivant. Bon, j’exagère un peu... heu.. à peine !
Il faut dire que j’ai quitté Paris, il y a très longtemps et tout a changé, tout a évolué, en mal ou en bien, cependant, plus rien ne ressemble à mes souvenirs et je me sens dans la peau d’un explorateur sur une autre planète, un peu seul et abandonné à son triste sort.

Oui, la vie parisienne a cela de bien que vous n’êtes qu’un anonyme parmi les autres. D’ailleurs, vous pouvez vous asseoir au milieu du trottoir, les gens vous contournent sans relever les yeux de leur smartphone ni se poser de questions. Quelle tristesse !
Un autre exemple. Si vous laissez passer un piéton sur un passage protégé, il se montre hésitant, car d’ordinaire il est plus dans le rôle du gibier, qu’une priorité pour les chauffards sans foi ni loi. C’est comme ça !

Un truc qui m’a fait rire, c’était hier, chez le coiffeur. Oui, il était temps que je rase ma tignasse de sudiste pour une coupe réglementaire parisienne et quasi militaire. J’aime bien les porter ainsi et puis, c’est l’été non ? Et voilà le dialogue qui s’ouvre avec un être humain, en la personne de la jeune femme qui s’occupait de mes cheveux.
— Vous êtes nouveau ? je ne vous ai jamais vu.
Je souris.
— Normal, je viens de m’installer.
— Ah, c’est chouette ! Et vous étiez où avant ça ?
— Un petit village de Provence, entre les Alpes et la Méditerranée.
Et là, dans le miroir, je la vois s’immobiliser, le peigne et les ciseaux en l’air, la mine ébahie et la bouche grande ouverte. Il lui faut un instant pour récupérer et elle me rétorque cash.
— Mais vous êtes fou ?!
Oui, Madame, je dois l’être quelque part pour avoir osé faire ce pas dans l’inconnu, sans garantie aucune, sans filet et encore moins de parachute, avec pour ainsi dire pas de moyens et rien qui m’assure un atterrissage en douceur.
Elle reprend sur un ton se situant entre l’angoisse de coiffer un malade échappé de l’asile du coin et le doute teinté de curiosité bien féminine.
— Ah, je comprends, il y a une femme là-dessous !
Elle me fait un clin d’œil dans le miroir. Est-ce que je dois lui parler de mon job, de l’écriture, de la difficulté à trouver une maison d’édition, pourquoi je suis venu... Non, elle me regarde déjà comme un psychopathe moyen, pas la peine d’en rajouter.
— Oui, oui... Ai-je répondu, très évasivement.
Rassurée sur mon état mental, elle refait pourtant une pause.
— Oh, vous devez sacrément l’aimer pour avoir tout plaqué et venir vous enterrer dans cette région pourrie.
Je soupire. Effectivement, l’écriture est une maîtresse jalouse, exigeante et qui ne supporte aucune concurrence. Je la laisse juge de ses appréciations quant à la région et je ne la détrompe pas.
— Heu, oui...
— Eh ben ! Elle en a de la chance. Ce n’est pas le mien qui aurait fait ça pour moi.
Puis elle m’a parlé de la coupe de foot du moment et je n’ai plus écouté. Elle en a de la chance ? Franchement, je ne sais pas. Cela dit, quand on aime, on ne compte pas, c’est bien la phrase adéquate.

Bref, l’avenir ne s’annonce pas spécialement rose, je reste terre à terre et objectif. Je sais que c’est un pari fou et avec mes soucis techniques, j’ai pris du retard sur tout un tas de choses. Je le reconnais, j’ai la tête ailleurs... Je pense que ce virage dans ma vie et ce changement de région y sont pour beaucoup. C’est toujours difficile de clore un chapitre de sa vie. Maintenant, quand on a un but en vue, c’est un peu plus simple d’attaquer le suivant. Enfin, normalement. Maintenant, je reconnais bien volontiers qu’il n’y a pas de honte à avouer son angoisse de l’échec ou encore d’avoir tout misé, y compris sa vie personnelle, sur un coup du sort.
Pourtant, je ne regrette pas et si c’était à refaire, je recommencerais de la même manière. Quitte à passer pour un cinglé chez la coiffeuse du coin, je préfère tenter ma chance, quitte à me prendre un mur de plein fouet et y rester. Il paraît qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Hum...

Alors, j’ai beaucoup de choses à faire, de l’écriture en retard, des projets à ficeler, à proposer, des contacts à suivre et à relancer... Je vais pouvoir aller faire un tour chez ma maison d’édition principale, en visiter d’autres... Peut-être que j’aboutirai dans ma quête et que je finirai par trouver ce que je suis venu chercher ici.
Allez savoir ! La vie est bizarre quelquefois... Et qui sait ? En plus d’un beau contrat, imaginez deux secondes que ma coiffeuse a tenu des propos prémonitoires. Pour le rêveur que je suis, tout est possible, même le plus improbable.

En attendant, je vais prendre le temps. Pardon, je vais prendre du temps pour moi, afin de m’acclimater, découvrir la région après tant d’années d’absence, m’installer et lentement, je reprendrai la plume puis l’animation de ce blog comme des réseaux sociaux.
Je devrai remettre aussi l’armure pour me fondre dans la masse et arborer le même masque anonyme que tout le monde. Ici, mieux vaut se protéger, car on se fait facilement démolir et sans avoir le temps de comprendre, le plus souvent.

Oui, je vais faire comme l’arbre sur la photo (trouvée sur la toile). M’implanter dans l’endroit le plus dingue, sur un pari hallucinant et avec la volonté farouche d’atteindre, coûte que coûte, le but que je me suis fixé. Il ne faut pas se leurrer, ce n’est pas facile, surtout en étant seul en terra incognita. Cela dit, si j’ai connu mieux, j’ai vu pire aussi, alors...
Je finirai par y arriver et je verrai bien si mon étoile, tout là-haut et derrière les nuages, ne m’a pas oublié et si elle veut bien briller un peu pour moi... Un soir de juillet, un tel vœu devrait se réaliser, n’est-ce pas ? En tout cas, moi, j’y crois.

Je vous laisse avec Saint-Ex.

« Ce qui embellit le désert c’est qu’il cache un puits quelque part… »
(Antoine de Saint-Exupéry - Le petit prince)

Semper fidelis !

Belle soirée et bon week-end !
Amitiés littéraires.

8 commentaires:

  1. Ben alors....
    Je t'imagine sans peine happé par la vie parisienne. Pas celle, évidemment, des plaisirs ( futiles? )et des nuits échevelées. Mais bien par cette autre qui avale les identités uniques pour les régurgiter en masse indifférente.
    Qu'elle doit te sembler loin et chaude d'humanité "ta" Provence !...
    Mais je sais que tu n'es pas de ceux à baisser les bras, quoi qu'il t'en coûte d'efforts à " tenir le cap " que tu t'es depuis si longtemps fixé.
    Dis-toi que les ami(e)s sont là, fidèles...
    " C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière " a écrit Rostand. La tienne, j'en suis sûre, finira un jour par briller...
    Je t'embrasse fort.
    mcd

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    1. Ah, ma chère Marie,
      Oui, tu as entièrement raison et puis, toi, tu me connais bien. Non, je ne baisserai pas les bras. Juste un peu de fatigue... Rien de grave, mais j'avoue que mes problèmes de connexion me mettent dedans. Grrr...
      Oui, Rostand... Il avait bien raison, cet homme ! Sourire... Quant à toi, je sais que tu as toujours été là. Merci.
      Je t'envoie un gros bisou !

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  2. Moi je dis respect Mr Gilles Milo-Vacéri ! Je dis souvent à mes ados qu'il faut ce donner les moyens de ses ambitions, vous en êtes le parfait exemple...
    Je vous souhaite le meilleur !
    Et j'attends avec impatience vôtre article sur vôtre prochaine visite dans les locaux d'Arlequin HQN. ( je suis la fée curieuse ;-) )

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    1. Bonsoir Cécile !
      Déjà, il va falloir me dire "tu" sinon, je vais vraiment me prendre pour un vieux... Heu, non, je ne le dirai pas, hein ?! rires...
      Les moyens de ses ambitions, oui et surtout faire de ses rêves une réalité (merci Saint-Ex au passage).
      La fée curieuse... Tiens, encore une ! Décidément ! sourire...
      Grosses bises Cécile et merci pour ton petit mot.
      Amitiés.

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  3. Gilles, tu as d'énormes ressources en toi...
    Faire le deuil d'une ancienne vie et voir débuter la suivante avec tout ce que tu souhaites, ce n'est pas si simple !
    Il faut te laisser le temps.
    Bonne continuation en tout cas ! Bises du sud !
    Florence

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    1. Chère Florence,
      Merci d'être passée, c'est très gentil. Oui, c'est un peu ça et tu as raison sur tout ce que tu avances. Une grande vérité... Il faut laisser le temps au temps...
      Merci pour les bises !
      Surtout de là-bas.

      Je t'embrasse.
      A bientôt.

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  4. Eddy (Béret vert)13 juillet 2016 à 14:58

    Salut Gilles,

    Une petit texte copié/collé sur le Net auquel j'ajouterai "GO, GO, GO" et fait "Ventral" nom de Zeus !!! car là tu tombes en "Torche"

    Tes anciens ont souffert sur la piste
    Comme des chevaliers et des preux
    En ton cœur sois le parachutiste
    Toujours prêt à faire aussi bien qu'eux.

    Car il faudra para,
    Car il faudra para
    En découdre,
    Par le poignard, ou par la poudre
    Rien ne saurait t'émouvoir
    Para, rude parachutiste,
    C'est ta loi,
    Dans les dangers de la piste
    Rien ne saura t'émouvoir.

    Ton chemin sera toujours la piste,
    Dans la nuit, la chaleur ou le froid,
    sans un cri, tombe un parachutiste,
    Piste sans fin, toujours devant toi.

    Si tu dois en finir sur la piste,
    Que ce soit en beauté comme ceux
    Qui sont mort en vrais parachutistes
    comme des chevaliers et des preux.

    Amitié sincères.

    Eddy

    PS: Si tes problèmes de connexion ne sont pas réglés je peux t'aider ???

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    1. Très cher Eddy,
      Cher Béret Vert,

      Comme tes mots me touchent et à un point que tu n'imagines pas. Enfin, si... En tant que Commando, tu sais ce que cela peut représenter. En plus, d'avoir choisi ce titre... Tu le sais, il vient du 3e et tu me l'offres à un moment où j'ai besoin de recentrer beaucoup de choses.
      "Être et durer"... Oui, c'est exactement ce qu'il me faut en ce moment.
      Merci à toi de m'avoir rappelé le temps où l'on pouvait compter sur ses frères d'armes pour y voir clair.
      De même, merci pour la connexion et ta proposition généreuse, pour l'instant, ça a l'air de tenir le choc.
      Excellente fin de journée à toi.

      Les amitiés d'une fraise des bois et j'ajoute deux bises, comme on se les fait dans le Sud, pour le soutien.
      À une prochaine.

      Gilles

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