samedi 30 avril 2016

Et si j'étais directeur éditorial ?



Oui, à l’impossible nul n’est tenu et pour une fois, j’ai envie de changer de casquette ! Alors, si j’étais directeur éditorial, comment pourrais-je m’y prendre pour accepter un manuscrit, dénicher de nouveaux talents ou concrétiser le rêve d’un jeune auteur ? Vaste question, n’est-ce pas ? Pourtant, mon expérience si modeste soit-elle, me souffle quelques idées, sans doute fausses, mais tant pis ! L’imaginaire n’est-il pas l’univers qui appartient aux auteurs ?


Dans ma vie de tous les jours
Je m’appuierais nécessairement sur un site internet de qualité avec des prérogatives précises d’envoi des projets. Eh oui ! Je serais même exigeant sur la typo et demanderais non seulement le manuscrit complet, mais aussi un synopsis limité en longueur, une lettre d’accompagnement avec la bio et, le cas échéant, la bibliographie de l’auteur.
Je serais attentif au courrier et je crois que ce serait le synopsis qui serait déterminant pour aller plus loin. Un auteur qui a écrit un récit doit pouvoir le résumer fidèlement d’un bout à l’autre, sans rien oublier, et surtout, en suscitant l’envie d’en savoir plus. (ndla : Oui, vous pouvez rire, mais j’ai parfois passé une semaine à travailler un synopsis !).
En accrochant au synopsis, j’aimerais en savoir plus et je pourrais alors parcourir la bio et l’éventuelle bibliographie d’un auteur déjà édité. Comme tout le monde se connaît, quelques coups de téléphone dans mon réseau ou auprès de mes collègues éditeurs, me permettraient d’en savoir plus sur lui.
Après ces simples préalables, j’attraperais le manuscrit, je débrancherais tous mes téléphones, je demanderais à ma secrétaire que l’on ne me dérange pas, je fermerais la fenêtre... Bref, je m’isolerais pour être bien concentré.
J’attaquerais ma lecture. Je ferais attention à l’orthographe, le vocabulaire, le style, oui, bien sûr... Mais avant tous ces critères prédominants pour retenir un projet, j’aimerais que l’histoire m’embarque, qu’elle me fasse oublier mon job et que je sois séduit. Je voudrais ne pas voir le temps passer, à en oublier que derrière, j’ai 187 autres projets qui m’attendent, 5 réunions, 10 rendez-vous, etc.
Bien entendu, ce serait le cas de ce manuscrit. Je n’aurais pas regardé ma montre, encore moins soupiré et vraiment accroché à l’intrigue, je le fermerais à regret après les premiers chapitres. Cerise sur le gâteau, son récit collerait parfaitement avec la ligne éditoriale maison.
Eh non, je ne m’arrêterais pas là.
Je ferais appel à mon réseau de blogs littéraires, car bien sûr, je connais des blogueuses depuis longtemps, je leur fais confiance et en règle générale, un auteur qui passerait ces premiers barrages n’en serait pas à son coup d’essai et devrait être au moins un peu connu.
Sur la toile, je ne me fierais pas aux bonnes ou mauvaises chroniques, mais vérifierais tout simplement que l’on parle de mon candidat sur les blogs, sur Amazon et les autres plates-formes.
La deuxième phase serait de voir sa présence personnelle sur la toile. Alors que fait-il hormis écrire ? Est-il investi ou pas sur Internet ? Blog d’auteur, Facebook et Twitter me semblent un strict minimum. Un auteur qui se contenterait de signer un contrat, ne m’intéresserait pas. Aujourd’hui, la promotion d’un livre passe autant par le service marketing de l’éditeur que par la communication de son auteur.
C’est bien, mon futur poulain a déjà été publié, il est chroniqué et possède tout l’arsenal de promotion personnelle. Dans ce cas, il ne resterait plus qu’à lire intégralement son manuscrit moi-même ou à le confier au comité de lecture maison avec mon avis favorable bien souligné.
Voilà, tout est bon ! Le projet et son auteur ont passé toutes les épreuves haut la main et il n’y aurait plus qu’un détail à vérifier en l’appelant pour lui poser la question fatidique.
Votre projet m’intéresse, mais seriez-vous prêt à le retravailler, à le revoir pour en modifier certains passages ?
Il ne le saurait pas, mais à cet instant, il jouerait son contrat sur sa réponse. En effet, je ne pourrais pas travailler avec un auteur qui penserait tout savoir, qui n’accepterait pas de se remettre en question ou encore de suivre les conseils de sa maison d’édition. Dans une situation idéale, il accepterait et je n’aurais plus qu’à passer au projet suivant.

Et dans une autre vie ?
Oui, pendant que l’on est dans le monde de la fiction totale, pourquoi ne pas imaginer une autre façon de faire, une autre approche ? Je suis toujours directeur éditorial et mon quotidien, c’est celui que j’évoquais au chapitre précédent.
Cette fois, j’ai affaire à un drôle de zigoto. Cela a commencé sur les réseaux sociaux, par des contacts simples, souvent surprenants, parfois avec humour et toujours courtois. Oserais-je dire que cet auteur me harcèle ? Non, le mot serait déplacé. Il essaie de ne pas s’imposer tout en forçant ma porte et le bougre finit par réussir. Je lui accorde un rendez-vous, poussé par une curiosité bien légitime comme par son aplomb inhabituel.
Il vient soutenir son projet, face-à-face, dans mon bureau et se vend bien. J’ai bien accroché avec le synopsis et il croit vraiment au potentiel de son manuscrit. Ça me change des envois impersonnels et des relations à distance, toujours plus délicates à cerner. J’ai rencontré l’auteur, je l’ai écouté, il m’a entendu et nous sommes en symbiose sur de nombreux points éditoriaux. J’ai apprécié son culot, il adhère totalement à la ligne de ma maison. Si le manuscrit tenait les promesses faites par l’auteur, pourquoi ne le signerais-je pas ?
Oui, si j’étais directeur éditorial, je pense que j’aimerais beaucoup cette prise de contact.

En conclusion
Non, je ne suis pas directeur éditorial et je n’ai certainement pas cette prétention. De temps en temps, cela fait du bien de rêver et d’exprimer ses envies ou ses attentes, n’est-ce pas ? Alors, je me suis laissé aller à imaginer les conséquences ou les retombées d’une approche différente. Et pour conclure mon délire, eh bien pourquoi pas en latin, tiens...
Intelligenti pauca.
(ndla : autrement dit, à qui sait comprendre, peu de mots suffisent)

Excellente journée !
Amitiés littéraires.

4 commentaires:

  1. Très intéressant cet article, je pense que si j'étais directrice éditoriale, ce serait bien de ce genre-là aussi avec une préférence pour la première solution. En tant que blogueuse, j'aime ce genre d'auteur.

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  2. Bonjour Lily !
    Bah, le plus important est de nouer le contact, quelle que soit la manière. Ensuite, il faut convaincre, soutenir son projet et démontrer que l'on sait de quoi en parle. Bref, pas vendu...
    Belle journée !

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  3. Bonjour Gilles, tu fais paraître le métier d'éditeur très idyllique et je doute que ça se passe de cette façon mais toi pourquoi tu ne te convertisses pas en éditeur avec cette chronique, t 'as tous les outils de base pour être un Bon éditeur et ce métier t'ira comme un gant car t'es quelqu'un qui s'invetisse à fond dans tous ce qu'il entreprend je me trompe ? 😉😊

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    1. Bonjour Soumya,

      Peut-être, je ne sais pas, mais je suis bien à ma place d'auteur. Éditeur est un tout autre métier et cela ne s'improvise pas. C'est loin d'être idyllique comme tu le soulignes, les contraintes sont nombreuses et il faut avoir une belle expérience pour réussir. Non, je préfère écrire... Et cela demande déjà beaucoup de volonté, effectivement !
      Merci d'être passée !

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