Au
milieu des jeux et différents concours, entre les différentes promotions et la
préparation de la prochaine rentrée littéraire, j’ai pensé que ce chapitre
serait utile à certains. Bien sûr, cette question épineuse citée en titre vient
en réponse à quelques messages personnels.
Je
vous ai donné des pistes à suivre, quelques conseils avec mes articles de
technique littéraire et visiblement, quand je regarde mes statistiques, ces billets
remportent un franc succès. Comme quoi, nous sommes tous à la recherche d’informations,
de conseils et vu de ma fenêtre, rien ne vaut de partager son expérience,
positive ou non, avec les autres.
Dans
ce billet, je n’évoquerai pas l’auto-édition ou le compte d’auteur, je vous ai
suffisamment averti des dangers sociaux et fiscaux de cette branche commerciale
qui n’a rien à voir avec l’édition. J’ai des amis qui s’auto-éditent, je m’en
suis ouvert avec eux, après, chacun reste libre de faire ce qu’il veut et de
prendre les risques qu’il est prêt à assumer. Pour info, je vous redonne un
billet que j’avais écrit sur le sujet.
■
Pourquoi parler de choix ?
Tout
simplement parce que vous restez libre de gérer votre carrière littéraire comme
bon vous semble et qu’a priori, c’est encore vous, sauf erreur de ma part, qui écrivez
l’adresse de l’éditeur sur l’enveloppe renfermant votre précieux manuscrit. Si
je vous ai expliqué comment envoyer votre projet à un éditeur, quelques-uns m’ont
reproché de ne pas avoir suffisamment parlé du choix en lui-même, de savoir
comment opter pour telle ou telle maison.
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La part du rêveur
Lorsque
j’ai voulu me faire éditer, je suis tombé dans bien des panneaux, je me suis pris
des portes en pleine figure et j’en passe ! Mon rêve était d’appartenir à
une écurie d’une grande maison d’édition et de vivre tranquillement de ma
plume. Bien, aujourd’hui, cela me fait rire car depuis, j’ai parcouru un chemin
bien ardu qui m’a ramené très vite les pieds sur terre. Mais j’assume mon rêve
de l’époque et si vous ne le partagez pas, il n’y a que deux solutions, soit
vous n’êtes pas fait pour l’écriture, soit vous êtes un fieffé menteur !
■
Pour choisir, il faut connaître, comprendre
et analyser
Oui,
il faut connaître ou plutôt apprendre à connaître le marché de l’édition.
Oubliez vos rêves et réservez-les à l’écriture. Maintenant, il faut devenir
terre à terre et garder les yeux bien ouverts !
Une
maison d’édition est un vecteur économique, c'est-à-dire que c’est une société
qui a généralement pignon sur rue, des statuts, des salariés et un bilan à
remettre tous les ans. Elle doit donc dégager des bénéfices pour survivre et
avancer. La philanthropie n’existe pas dans le monde de la littérature, à l’instar
de tout ce qui touche les activités économiques, quelle qu’elles soient !
Par
conséquent éditer est un acte commercial et un risque financier pour l’éditeur.
C’est une chose à bien comprendre. S’il vous propose un contrat à compte d’éditeur,
le message passé est très simple : Je considère que votre manuscrit a une
valeur certaine, je veux bien prendre le risque de l’éditer. Et ce n’est pas
rien !
Maintenant,
si vous envoyez votre manuscrit à une grande maison, soyez assuré à 100 % de
recevoir une réponse négative. Le calcul du risque est une notion bien
maîtrisée chez tous les éditeurs, a fortiori si vous envoyez votre projet à un
éditeur de renom. Cessez de croire aux rêves utopiques véhiculés par certains
médias. Non ! Le premier roman d’un auteur inconnu publié par une grande
maison qui finit en best-seller, cela n’existe pas. De même, l’auto-édité
repéré par un grand éditeur qui finit dans le top 10 mondial est aussi
illusoire que le premier cas. Ces effets de manche, colportés par des
journalistes en quête de sensationnel, relèvent de coups marketing savamment
calculés et propres à faire rêver.
Une
carrière se construit, c’est obligatoirement progressif et cela restera diaboliquement
et automatiquement parallèle à votre maîtrise de l’écriture, votre expérience
et surtout vos chiffres des ventes. Pourquoi ? Parce que dans notre
société en crise, publier un auteur qui n’a jamais rien sorti est un pari
absolu. Cela existe, bien entendu, sinon je ne serai pas là à vous en parler,
mais il faut vous préparer à vous battre, à faire preuve d’abnégation et
surtout, vous devrez être patient et posséder une volonté à toute épreuve !
■
La répartition primaire de l’édition en France
Pour
commencer, sachez qu’il existe plusieurs grands groupes d’édition qui tiennent
les rênes du marché, en France.
-
Groupe Hachette (C.A. +/- 2000 M. d’€)
Calmann-Lévy,
Stock, Fayard, Grasset, Harlequin, JC Lattès, etc.
-
Groupe Editis (C.A. +/- 750 M. d’€)
Le
Cherche Midi, XO Éditions, First, Plon, Perrin, etc.
-
Groupe Gallimard (C.A. +/- 270 M. d’€)
Denoël,
Mercure de France, La Table Ronde, Flammarion, etc.
-
Groupe La Martinière (C.A. +/- 250 M. d’€)
Audibert,
Éditions du Seuil, l’Olivier, Minerva, Delachaux et Niestlé, etc.
-
Groupe Albin Michel (C.A. +/- 170 M d’€)
Magnard,
de Vecchi, Dervy, etc.
Auxquels
il convient d’ajouter les groupes Bayard, France Loisirs, Actes Sud,
Eyrolles, Belin... Sachez enfin que le groupe Hachette est le seul à figurer
dans le top 10 mondial, en sixième position, et que si vous lui ajoutez Editis,
ils représentent à eux deux, un gros tiers du marché français. Les trois quarts
de ces maisons ont leur siège social à Paris et ils sont tous représentés par
le Syndicat National de l’Édition (SNE).
■
Et les autres éditeurs ?
Ce
sont les éditeurs indépendants et leur tâche est loin d’être aisée. Ils n’appartiennent
à aucun des groupes suscités, demeurent bien souvent à l’écart des salons
littéraires parisiens et doivent faire preuve d’un grand flair, avoir des choix
judicieux et impérativement savoir calculer les risques. Ils bénéficient souvent
des même diffuseurs que les précédents, bien que quelques-uns prennent aussi en
charge leur diffusion, alors que ce n’est pourtant pas leur métier. Et c’est
ici, parmi ces acteurs mis à tort dans l’ombre par les grands médias
littéraires, que vous pourrez commencer votre carrière !
■
Le cheminement idéal ou presque !
Commencer
par séduire un éditeur indépendant est certainement le meilleur conseil que je
puisse vous donner. Au départ, mieux vaut se frotter à un artisan prêt à vous
aider en vous donnant pléthore de conseils, qui saura vous guider dans vos
choix d’écriture et qui vous accompagnera d’un bout à l’autre. Bien sûr, vous
devrez faire certains sacrifices, vous n’aurez pas nécessairement la célébrité
ou les retours financiers espérés. Peu importe, ce métier est un métier de
marathonien !
Ensuite,
n’hésitez pas à multiplier les éditeurs car chacun possède une ligne éditoriale
bien précise et si vous écrivez dans des genres différents, cela deviendra vite
un passage obligé.
Quand
vous aurez votre éditeur ou vos éditeurs de départ, une seule chose à faire !
Communiquez et surtout, vendez. Il faut trouver votre lectorat, le séduire et
le fidéliser.
Après
quelques années de ce régime, vous pourrez envisager de taper plus haut et d’aller
lancer vos filets auprès des grands groupes d’édition car vous aurez de l’expérience,
vous afficherez une bibliographie à compte d’éditeur conséquente et eux sauront
parfaitement quel est votre niveau de vente. Bref, vous aurez toute latitude
pour convaincre une grande maison.
■
Finalement, comment choisir son premier
éditeur ?
J’allais
dire au coup de cœur ! Mais ce n’est pas si loin de la vérité. Commencez
par arpenter les forums littéraires, visitez les sites des éditeurs que vous
visez, achetez leurs livres et surtout, soyez vigilant et perspicace. Une seule
question doit demeurer à votre esprit :
—
Est-ce que mon projet est en adéquation
parfaite avec leur ligne éditoriale ?
Prenez
contact, discutez, échangez avec votre futur éditeur. N’oubliez pas que
derrière la société, il y a surtout un être humain et généralement, un homme ou
une femme qui possède plusieurs casquettes, rompu à toutes les techniques des
métiers de l’édition.
En
résumé, faites un travail d’approche patient et soyez à l’écoute des attentes
de l’éditeur. Autre conseil judicieux, soyez humble et ne perdez pas de vue que
c’est vous qui avez besoin de lui, pas le contraire. Lui, il reçoit des
dizaines de manuscrits par semaine et il a le choix. Vous, pas forcément...
Ne
tombez pas dans le panneau en pensant que votre projet est le meilleur et que
votre ouvrage finira en best-seller. Même si c’est le plus grand mal que je
vous souhaite, essayez déjà de vendre votre projet à votre éditeur et s’il vous
préconise des modifications, des changements, des arrangements de votre récit, n’oubliez
pas, encore une fois, qu’il a l’habitude de vendre des livres. Pas vous. Alors,
acceptez et apprenez, suivez ses conseils, ils vous seront utiles pour vous et
vous permettront d’envisager sereinement votre avenir.
Tous
ceux qui ont refusé de revoir leur manuscrit à la demande d’un éditeur se sont
plantés. Ils disparaissent, tout simplement, car le monde de l’édition est très
petit, tout se sait et un débutant ne peut se permettre des caprices de star
que même les plus grands auteurs s’interdisent.
■
Un dernier conseil ?
Eh
bien, sur ce blog, vous avez une rubrique Mes éditeurs, alors n’hésitez pas à lire et à découvrir les éditeurs qui y figurent.
Quel que puisse être votre genre littéraire de prédilection, vous avez là une
brochette de maisons très sérieuses en qui vous pouvez avoir confiance.
Maintenant, cela restera toujours une affaire de feeling et ce qui me convient
peut tout à fait vous déplaire. Personnellement, j’aime travailler avec des
gens carrés, sérieux, respectueux de leurs engagements et maîtrisant suffisamment
leur métier pour pouvoir m’apprendre et m’aider à progresser.
À
vous de voir...
■
Conclusion
Vouloir
réussir dans l’écriture est un sacré pari et l’on vous traitera souvent de fou,
voire d’inconscient mais ne baissez pas les bras. Soyez patient et apprenez à
devenir un vrai marathonien pour endurer souffrances, déconvenues et échecs. Le
succès est à ce prix ! Et quand je parle de succès, je n’évoque que la
signature du contrat à compte d’éditeur et une certaine réussite en matière de
chiffres des ventes. Rien d’autre. Tous ceux qui courent après la célébrité se
planteront... Attraper la grosse tête en écriture, c’est perdu d’avance !
Commencez par attraper une foulure aux deux poignets pour abus d’écriture, cela
vous sera plus utile, c’est promis !
Ne
vous résignez pas non plus aux sirènes de l’auto-édition, il faut du temps pour
parvenir à convaincre un éditeur. Commencez par voir petit, à la mesure de
votre notoriété qui est obligatoirement nulle au départ. Découvrez. Apprenez. Écrivez.
Soyez sans aucune indulgence avec vous-même et n’imaginez pas une seconde
gagner des milliers d’euros avec votre livre.
Choisissez
bien votre premier éditeur.
Apprenez.
Après
quelques années de dur labeur, les éditeurs finiront par vous choisir.
Excellente
journée !
Amitiés
littéraires.
Nota Bene : Retrouvez tous les articles de technique littéraire sur la page Conseils de ce blog.
Bonjour,
RépondreSupprimerJe voudrais savoir si, à votre connaissance, les éditions HQN signifient le refus d'un manuscrit ebook, en d'autres termes, s'il envoient un mail ou une lettre de refus. D'autre part, ces mêmes éditions peuvent-elles demander des rectifications du manuscrit ?
Merci beaucoup !
Bonjour,
SupprimerOui, bien sûr. Harlequin - HQN est une maison sérieuse et suit de très près les soumissions des projets. Que votre manuscrit soit accepté ou non, vous recevrez un mail de l'une des éditrices avec les explications nécessaires. Par contre, soyez patient !
Enfin, il est certain que vous devrez reprendre votre texte, d'une manière ou d'une autre, une fois qu'il sera passé dans la moulinette d'un comité de lecture. Il ne faut pas croire que l'on envoie un projet et qu'il sera édité ad hoc ! Cela n'existe pas, ni pour Harlequin - HQN, ni pour n'importe quelle maison d'édition sérieuse. Vous devrez corriger, reprendre, modifier, etc. Et c'est bien là le travail compliqué de l'auteur...
Je vous souhaite bonne chance !
Bien amicalement,