dimanche 22 juin 2014

Ma réponse sur les romances M/M !



Voici la question qui me revient de plus en plus souvent et même si j’y réponds toujours personnellement, je tenais à faire la lumière complète sur ce vaste sujet, beaucoup plus compliqué qu’il n’y paraît.


La question
Parmi toutes celles que je reçois sur le même thème, j’ai choisi la suivante car elle comporte un détail important pour la suite.
« Pourquoi n’avez-vous pas encore écrit une nouvelle érotique, voire un roman, sur le thème de la romance M/M ? Après avoir lu Libres échanges (Éditions Harlequin - HQN), j’ai remarqué que cela ne vous posait aucun problème, vous semblez très à l’aise sur le sujet et les scènes érotiques sont bien rédigées. Je suis persuadée que vos lectrices vous suivraient et apprécieraient ! » (Melle G. via contact par ce blog - 16/06/2014).

Qu’est-ce qu’une romance M/M ?
Pour commencer le terme est impropre, car une romance induit des scènes sensuelles, au grand maximum, alors qu’il s’agit bien d’érotisme et donc de sexe, dans l’attente décrite par ces dames. Donc, un texte érotique M/M narre les aventures entre deux hommes, au moins, et a pour cadre l’homosexualité masculine. Ceux qui grimacent, vous pouvez sortir, l’homosexualité n’est pas un tabou sur ce blog !

Qui écrit dans ce nouveau genre littéraire ?
Je risque d’en faire sourire plus d’une ! L’érotisme M/M ou F/F a exactement les mêmes sources que l’érotisme littéraire pris dans sa globalité. Il faut savoir que les auteurs dans ce registre sont des femmes pour la plus grande majorité, comme pour la lecture, par ailleurs.

Pourquoi une femme a-t-elle envie de lire de l’érotisme M/M ?
Pour plusieurs raisons qui me semblent assez évidentes (notez que je prends des précautions, avec la psychologie féminine, il faut toujours rester prudent et ne pas se montrer trop affirmatif ).
- Déjà, dans ce genre littéraire, examinez les couvertures. Beaucoup de jeunes hommes très beaux, musclés, au sourire enjôleur et à la plastique irréprochable. Même si tout a été photoshopé, ne vous leurrez pas, cela reste un premier réflexe d’achat, au moins de simple curiosité et absolument partagé par les hommes quand l’œil est attiré par une ravissante jeune femme un peu dévêtue. Hommes et femmes, même combat !
- Ensuite, j’ose dire qu’il y a une certaine lassitude à lire toujours les mêmes choses dans le cadre d’une relation hétérosexuelle. À votre avis, pourquoi mes textes érotiques sont-ils pratiquement toujours noyés dans un passé historique ? Pourquoi pouvez-vous retrouver tous les goûts sexuels dans mes récits ? Au moins, je vous offre des scénario différents, variés pour leur orientation sexuelle et des personnages illustres qui côtoient mes héros purement fictifs.
Et au-delà de ces deux points, il y a une autre notion qui nécessite le chapitre suivant à elle toute seule.

La connaissance du désir chez le sexe opposé
Par nature, les femmes sont bien plus sensibles que nous, plus ouvertes et affichent une tolérance que nous pourrions adopter si les hommes étaient moins obtus et ne se réfugiaient pas toujours derrière un machisme primaire et stupide.
Je pense très sincèrement que les femmes, en général, s’intéressent beaucoup plus au désir de l’homme en cherchant à le comprendre, car c’est une notion obscure et inconnue, qui autorise tous les fantasmes, toutes les hypothèses et finalement, explique ou démontre cet engouement pour ce genre littéraire.
Pour être honnête, quel homme se pose la question du ressenti féminin quant à sa part de désir, d’envies, de rêves, et mieux, de fantasmes ? Oserais-je dire que les femmes ont un tour d’avance sur nous et démontrent encore une fois, une ouverture d’esprit que certains d’entre vous, Messieurs, feraient bien de copier ?

L’érotisme M/M, un phénomène de mode ou un véritable genre littéraire ?
Eh bien, les deux ! Les textes sont soignés, parfaitement écrits, le genre méthodiquement exploré par quelques auteurs de renom, ce qui les intègre complètement dans l’érotisme littéraire et parmi les meilleurs récits. C’est incontestable et je ne reviens pas sur cette vérité que je partage complètement.
Cela dit, c’est aussi un phénomène de mode ! Il suffit de voir le nombre de chroniques qui a fleuri sur ces ouvrages, un peu partout, dans tous les blogs littéraires et pas seulement en France.
Faut-il y voir une avancée de la culture homosexuelle dans la littérature ?
Si c’était vraiment cela, j’applaudirais des deux mains. Malheureusement, je suis persuadé qu’il ne s’agit que d’un effet de mode dans lequel s’engouffrent aussi bon nombre d’auteurs, espérant des retombées plus rapides.
Pour ma part, qu’un récit érotique soit hétéro, bi ou homosexuel, il doit absolument s’inscrire dans la littérature érotique traditionnelle. Point final. L’érotisme homosexuel est normal, s’intègre parfaitement et ne devrait pas faire couler autant d’encre, même pour n’en dire que du bien et pétri des meilleures intentions ! En agissant ainsi, avec la profusion du genre en excès, cela risque de nuire et finira par apporter un effet pernicieux et inverse, totalement opposé au but recherché. À trop mettre l’érotisme M/M en exergue, on va finir par le particulariser. Le mieux sera toujours l’ennemi du bien...

Compte tenu de tous ces éléments, vais-je écrire un texte érotique M/M ?
Eh bien, non. Pourtant, j’en avais bien l’intention mais devant l’offre grandiloquente et les excès de toutes sortes, je préfère m’abstenir. C’est pourquoi j’ai cité la question de ma lectrice en préambule. C’est un genre qui ne me déplaît aucunement et pour lequel je n’ai pas de problème rédactionnel.
Mais suivre un effet de mode, c’est parfaitement hors de question. Cela attendra plus tard, quand la fièvre sera retombée et que les chroniques repasseront à un rythme plus normal. Disons que je refuse de surfer sur une vague beaucoup trop médiatisée à mon goût.

Conclusion
La littérature homosexuelle a toujours existé et se trouve aujourd’hui au centre d’un maelstrom, voulu ou pas, dont la majeure partie ne vise malheureusement que les retombées commerciales et financières, à l’instar de ce qui a entouré le lancement de l’insipide Fifty Shades en son temps.
Ce registre littéraire y survivra et fera toujours partie de nos plus beaux textes, sans discrimination et sans l’apport exagéré de publicités tapageuses.

Bonne fin de week-end !
Amitiés littéraires.

1 commentaire:

  1. Un article très intéressant ! Avec un regard différent de ce que l'on lit le plus souvent, c'est à dire qui est soit directement impliqué (l'auteure/la lectrice de MM), soit en opposition (l'auteur/le lecteur n'aimant pas ce genre et donc n'appréciant pas sa popularité). Ici, tu abordes le sujet avec un regard plutôt en retrait, en observateur, et c'est autant intéressant qu'appréciable.

    Pour l'effet de mode, je ne sais pas trop ce que ça va donner. Même si la littérature érotique est souvent une affaire de femmes (auteures comme lectrices), je pense que le MM est une façon différente de s'approprier cet érotisme en tant que femme, et qui va de pair avec un renouveau de la littérature érotique à ce sujet, qu'elle soit M/F ou M/M. On voit par exemple de plus en plus de corps masculins en couverture des romans érotiques hétérosexuels, alors que, jusque-là (et ça l'est encore beaucoup), même écrit par des femmes et pour des femmes, la norme restait de représenter uniquement un corps féminin. Bref, ça change. Je pense qu'on est en train de vivre un virage, en tout cas, et que le M/M y participe. Reste à voir ce qu'il en restera mais ça sera forcément différent d'avant, dans le sens où les femmes sont en train d'assumer d'afficher leur plaisir à voir des corps masculins et des hommes avoir du plaisir, tout simplement, et que les hommes sont en train de l'accepter.

    Merci pour l'article, en tout cas. :)

    Valéry K. Baran

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