Aujourd’hui,
je lance une nouvelle série d’articles et c’est ChocolatCannelle, la directrice éditoriale de la Collection E-ros pour les Éditions Dominique Leroy qui a bien
voulu répondre à mes questions. D’autres suivront, bien entendu, et je ferai
passer en priorité les maisons avec qui je collabore et que je connais bien. Il
n’est pas impossible que j’étende l’expérience à des éditeurs que je connais
moins bien, voire pas du tout.
Pour
l’occasion, le libellé Interview Éditeur
a été créé. Les articles concernant les maisons avec qui je travaille seront repris
dans la rubrique Mes éditeurs de ce
blog. Enfin, dernier détail, le questionnaire d’origine comprend neuf
questions, avec une complète liberté de répondre totalement ou partiellement.
1/ Parlez-nous
de
vous.
Qui
êtes
vous,
pourquoi
êtes-vous
devenu(e)
éditeur
(éditrice)
et
quel
est
votre
parcours
dans
le
monde
de
la
littérature ?
Je pense qu'il faut que je commence par préciser que je ne suis pas éditrice, mais directrice d'une collection (e-ros) aux éditions Dominique Leroy. Le pseudonyme que j'utilise, quelle que soit ma fonction - directrice de collection donc, ou auteure - est ChocolatCannelle.
Pourquoi ai-je pris la direction de cette collection de textes érotiques ? Parce que l'éditrice me l'a proposé, que cela me semblait intéressant, que cela correspondait à ce que j'étais capable de faire et à ce que j'aimais faire. Et a priori, oui, cela me convient, puisque la collection que nous avons créée il y a trois ans se porte bien.
Mon parcours dans le monde de la littérature, c'est un parcours de lectrice, d'étudiante en lettres classiques, de professeure... Rien ne m'orientait plus spécifiquement vers l'édition.
2/ Quel
regard
portez-vous
sur
le
monde
de
l’édition
aujourd’hui et
selon
vous,
quels
seront
les
grands
virages
de
la
prochaine
décennie ?
De
même
et
dans
cette
optique,
comment
voyez-vous
l’évolution
des
auteurs
pour
cadrer
à
une
éventuelle
évolution ?
Il est difficile de me prononcer, parce que mon regard est très partiel : je ne m'occupe que de littérature érotique d'une part, que d'une collection numérique d'autre part. Ce que je constate, par rapport aux auteurs, c'est que leur implication sur les réseaux sociaux, sur les blogs, etc., semble avoir une influence sur les ventes de livres. Mais un auteur doit-il se changer en communicant ? C'est une démarche difficile (un auteur a besoin de temps pour écrire, toute action de communication est préjudiciable à son travail d'écriture). Est-elle souhaitable ?
3/ Que
pensez-vous
de
l’arrivée
du
numérique
dans
le
monde
de
l’édition
et,
selon
vous,
faut-il
le
considérer
comme
un
apport
positif,
un
simple
complément
ou
un
cannibalisme
de
l’édition
papier ?
La maison d'édition pour laquelle je travaille a été une des premières à passer au tout numérique (on parle d'éditeur « pure player »), dans les années 90. Elle a un riche catalogue qui est, depuis cette époque, progressivement numérisé. Sans ce travail de numérisation, qu'il
s'agisse de cette maison d'édition ou d'autres, des livres disparaîtraient. L'apport du numérique est indéniable dans ce cas de figure.
Et puis, outre cette numérisation d'un catalogue ancien, il y a les nouveaux titres, ceux qui n'existent que sous forme de livres numériques. Il n'y a pas de cannibalisme de l'édition papier, mais au contraire une forme de dynamisme de l'édition qui peut exister indépendamment du papier. Une particularité de l'édition numérique est de pouvoir publier des textes courts, de vingt, trente pages par exemple, ce que l'édition papier ne peut guère proposer. Et c'est ce que propose la collection e-ros, entre autres. Il y a donc un espace particulier dévolu à l'édition numérique.
4/ Pourriez-vous
dire
quelques
mots
sur
votre
maison
d’édition,
son
historique
même
succinct,
son
développement,
etc. ?
Les éditions Dominique Leroy ont été créées en 1970. De grands noms de l'érotisme y ont été publiés, comme Georges Pichard (BD La Comtesse rouge par exemple), Georges Lévis (Liz et Beth,...).
La maison publie des titres issus de l'Enfer de la bibliothèque nationale, des
textes publiés sous le manteau dans les années 20, les œuvres sado-masochistes
de Marika Moreski,... Pour la partie contemporaine de cette histoire :
c'est la création de la collection e-ros, il y a trois ans. Les premiers mois,
nous avons proposé des eBooks d'une trentaine de pages environ, à raison de
deux publications simultanées, tous les deux mois. Rapidement, des textes un
peu plus longs ont été publiés aux mois intercalaires. À présent, ce sont
dix-huit titres par an que nous publions, ainsi qu'un catalogue annuel et des
livres d'extraits gratuits (comme celui qui paraîtra courant juillet afin de
présenter les titres de la rentrée 2014). Quelques titres audio sont aussi
disponibles, à la vente ou gratuitement. Notre dernière initiative a été la
création d'une section dédiée à la romance érotique, e-ros & rose,
avec une première publication en ce mois de juin (mais tu es bien placé,
Gilles, pour le savoir, puisqu'il s'agit de la publication de ton roman Lisbeth-la-Rouge).
5/ Pourriez-vous nous expliquer
votre politique éditoriale, votre modus operandi, vos choix dans les auteurs
que vous acceptez de publier et les genres littéraires que vous diffusez ?
Nous publions des textes érotiques.
Des textes sensuels, des textes plus épicés... La collection se divise en
plusieurs « couleurs », avec des tonalités différentes, des
thématiques différentes... Pour voir de plus près à quoi cela ressemble, je ne
peux que conseiller de consulter la page de la collection sur le site des
éditions Dominique Leroy : http://www.dominiqueleroy.fr/collection/16/e-ros
6/ Comment
un
jeune
auteur,
même
débutant,
peut-il
vous
soumettre
un
manuscrit ?
Avez-vous
des
prérogatives
très
précises,
quel
est
votre
délai
moyen
de
réponse,
comment
votre
comité
de
lecture
fonctionne-t-il,
etc ?
Merci
de
nous
éclairer
sur
cette
partie
souvent
méconnue
par
les
auteurs.
Les jeunes auteurs, les débutants, peuvent tout aussi bien trouver leur place dans la collection e-ros... Ce n'est pas le palmarès de publication que nous regardons, mais le texte que l'on nous soumet.
Les critères techniques sont peu nombreux, mais ils existent et figurent sur cette page : http://www.dominiqueleroy.fr/store/page/88/
Je refuse par exemple les .pdf qui m'empêchent de surligner ou d'annoter le texte dès la première lecture. Si on m'en adresse un, je demande
tout simplement à l'auteur de m'adresser à nouveau son texte, sous un format
que j'accepte.
J'aimerais beaucoup que les auteurs
évitent les mises en page particulières, les polices de caractère originales,
les alinéas, bref, tout ce qui me fait perdre du temps, tout ce que je dois
supprimer ou modifier pour réaliser nos propres mises en page.
Le délai de réponse est très variable. Nous publions essentiellement des textes courts, je recherche donc plus facilement des textes de 30.000 ou de 50.000 signes que des romans de 300.000 signes. Si je reçois dix romans alors que nous prévoyons des publications de nouvelles à l'unité, il va de soi que je ne lirai pas prioritairement ces longs romans. Cela ne signifie pas que je ne les lirai pas. Ni qu'aucun d'entre eux ne sera publié (quelques romans sont publiés dans la collection e-ros+), mais le délai de réponse est allongé. On peut compter deux mois, parfois
plus, selon la quantité de manuscrits en attente. Un texte court, à partir du
moment où j'en cherche un, peut être lu en quelques jours.
Tous les textes passent sous mes yeux, je peux les lire complètement ou partiellement (si je vois que le texte est mal écrit, je ne vais pas en lire plus de quelques pages). En fonction de l'intérêt suscité, de la possibilité ou pas d'intégrer le texte à une section de la collection e-ros, je refuse d'emblée le texte ou le garde et le soumets alors à l'éditrice, Dominique Leroy. Après son accord, je contacte l'auteur pour lui signifier que nous acceptons de publier son texte.
7/ Quelle
est
votre
politique
mise
en
place
pour
la
promotion
de
vos
œuvres
et
qu’attendez-vous
de
vos
auteurs
pour
vous
accompagner
dans
cette
démarche ?
Nos
titres figurent dans un grand nombre de librairies et plates-formes numériques,
en plus de figurer sur le site de la maison. Cela comprend Amazon, Google Play,
Fnac, Kobo, Applestore, Numilog, Bookenstore, etc. Et cela comprend des
librairies numériques érotiques, comme Enfer.
Nous
adressons systématiquement un communiqué de presse à des journalistes et à des
blogueurs et adressons bien sûr des services presse. Nous réalisons des
partenariats avec des blogs et des forums de lecture. Tous nos titres sont
répertoriés sur des réseaux sociaux du livre comme Babelio et Booknode. Nous
mettons régulièrement à jour la page Facebook
de la collection e-ros. Un billet est consacré à chaque titre, et cet article est repris sur Google + et Twitter.
Les
auteurs sont invités à créer une page auteur sur le site de notre maison
d'édition, avec photo, biographie, éventuellement un lien vers un blog, une
adresse de courriel... Bien entendu, l'idéal serait que chacun dispose de son
propre réseau (un blog et donc des lecteurs attachés à ce blog, des contacts
sur des réseaux sociaux), mais chacun fait comme il l'entend et comme il le
peut. Certains auteurs sont très à l'aise avec cela, d'autres moins, d'autres
pas du tout. L'investissement de l'auteur est un choix de l'auteur, pas une
obligation.
8/ Organisez-vous
des
concours,
des
Appels
à
Textes
ou
est-ce
que
votre
maison
ne
fonctionne
que
sur
soumission
de
manuscrits ?
Dans
l’affirmative,
pourriez-vous
nous
donner
le
dernier
concours
ou
AT
en
date ?
Nous acceptons des textes envoyés spontanément, à condition qu'ils respectent quelques règles déjà évoquées et surtout que l'auteur ait pris le soin de regarder ce que nous publions (Il arrive que l'on m'adresse des textes qui ne sont pas érotiques. Quel intérêt puisque nous publions uniquement de la littérature érotique?). Nous diffusons aussi des appels à textes, pour des collectifs thématiques, via la page Facebook de la collection e-ros et aussi via mon blog (voir sur cette
page : http://litterature-erotique.chocolatcannelle.fr/collection-e-ros/appel-a-textes/). Récemment, j'ai diffusé un appel à textes pour une section de la collection e-ros intitulée e-ros & rose destinée aux écrits sentimentaux, à la « romance », parce que c'est une nouveauté. Nous avons d'ailleurs déjà reçu un projet de recueil qui pourrait se concrétiser par une publication au premier trimestre 2015. À suivre !
Excellente
journée !
Amitiés
littéraires.
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