mercredi 8 janvier 2014

Auteur populaire, roman de gare et paralittérature !



Je réagis simplement à la critique acide d’une blogueuse littéraire à la plume trempée dans le vitriol. Elle a lu l’un de mes romans et conclut en n’aimant pas mon style, me taxant d’écriture simpliste et scolaire. Cela m’a fait sourire, car loin de m’atteindre, ce genre de commentaire hypocrite et assez primaire, visant à dénigrer le travail d’un auteur, me fait plutôt plaisir. C’est à la limite presque rassurant et pour mieux me comprendre il faut quelques explications.

Savez-vous ce qu’est la paralittérature ? Ce sont tous les textes qui n’appartiennent pas au monde de la Littérature (avec un L majuscule), signés par un nom célèbre et publiés par de grandes maisons d’édition. Bref, l’Université (avec un U majuscule) méprise ce qu’elle considère comme relevant du roman de gare. Si pour les polars, cela tend à s’améliorer légèrement, tout ce qui touche le thriller, le roman d’aventures, d’érotisme, de science-fiction, d’espionnage ou du domaine de l’historique, voire les textes dits à l’eau de rose et, pour résumer, tout ce qui porte finalement l’étiquette de roman, relève de la basse littérature, de l’auteur populaire et donc du roman de gare...
Quand on commence à écrire, on fait des choix personnels et surtout, on écrit en fonction de ce que l’on ressent. De là à dire que l’on touche à l’inné, il n’y a qu’un pas que je franchis allègrement et en le sautant à pieds joints ! On ne choisit pas sa façon d’écrire, ensuite, cela plaît ou non, ce n’est plus qu’une question de goûts personnels. Pour ma part, écrire des textes simples et compréhensibles par le plus grand nombre m’a semblé une évidence. Si j’aime imaginer des histoires, j’aime encore plus faire rêver mes lecteurs. Le quotidien n’est-il pas suffisamment difficile à supporter avec son lot de tracasseries ?

Cette même blogueuse me reprochait d’avoir imaginé un héros invincible, qui ne meurt pas... J’ai longuement réfléchi sur ce thème. Non que cela me pose un problème, mais je refuse d’écrire des histoires qui finissent mal ou sans queue ni tête. Si je devais suivre les conseils éclairés de cette jeune personne qui n’a, bien entendu, jamais été éditée, je devrais faire mourir mon héros au milieu du texte. Bien... Et après ? Dans le reste du roman, je pourrais toujours évoquer l’influence de la vie sexuelle des bigorneaux sur les marées, mais je doute que cela intéresse quelqu’un !

Pour résumer, un bon livre, c’est celui qui est reconnu par l’Université, qui appartient à la « vraie » littérature, avec une écriture alambiquée pour ne pas dire ampoulée, où le héros meurt au milieu de l’histoire et que, pour en comprendre le sens, vous devez lire avec une encyclopédie en douze volumes à côté de vous.
Non merci, mademoiselle la blogueuse littéraire ! Alors, je vais vous apprendre une chose toute simple que l’on appelle communément le bon sens. Aux sirènes des paradis artificiels de la grande littérature, je préfère la vox populi et être vraiment lu. Le genre d’ouvrages que vous plébiscitez et qui, selon vous, mérite le titre de Livre (avec un L majuscule) ne sont que ces objets de décoration que certains glissent dans leur bibliothèque, sans jamais en avoir lu une seule page, après les avoir choisis en fonction des couleurs de couverture. À cela, je préfère écrire des fictions simples qui plaisent aux lecteurs.
J’aime à savoir qu’un lecteur a promené mon livre dans sa sacoche, qu’il l’a ouvert dans le métro, qu’il l’a dévoré, que les pages ont malheureusement hérité des reliefs de son repas parce qu’il ne pouvait pas le lâcher. Je suis heureux quand l’une de mes lectrices a téléchargé une nouvelle érotique dans sa tablette et qu’elle l’a lu chez elle, à son travail et que le soir, en souriant, elle a incité son(sa) conjoint(e) à la lire. Je suis le roi du monde quand l’un de mes lecteurs m’écrit personnellement en me disant qu’il a aimé mon texte et qu’il l’a fait rêver...

Nous n’avons pas les mêmes valeurs, chère blogueuse... Je préfère rester à ma place, savoir où je suis, ce que j’écris et surtout que les milliers de lecteurs et de lectrices fidèles qui me lisent, apprécient mes romans sans avoir besoin d’un décodeur et de trois boîtes d’aspirine !
Alors si je suis simpliste, avec une écriture scolaire, si je suis un petit auteur populaire qui sévit dans la paralittérature en ne faisant que du pauvre roman de gare, je suis heureux de mon sort. Mieux, j’espère que cela continuera encore longtemps et que je gagnerai en notoriété pour que ces « pauvres gens qui n’aiment que les romans de gare » me lisent de plus en plus.

Le livre est un objet de plaisir et il doit le rester. Demandez aux éditeurs ce qu’ils préfèrent, faites un sondage autour de vous et inquiétez-vous de ce que les gens lisent réellement, cela pourrait vous éviter de vous fourvoyer et de sévir dans des sphères qui vous resteront à jamais inconnues. Essayez d’apprendre l’humilité et le respect d’autrui, cela vous apportera un confort personnel inégalable et peut-être, un jour, le plaisir d’être reconnue ou d’exister sans avoir à répandre votre venin sur les autres. Je vous le souhaite.

Un dernier conseil ? La prochaine fois que vous lirez un texte, si la signature n’est pas connue, si la couverture porte l’étiquette roman et si c’est un genre littéraire que vous n’appréciez pas, alors passez votre chemin et ne crachez pas sur l’auteur. Vous avez le droit de ne pas aimer mais pas celui de salir gratuitement.
Afin de comprendre le travail d’autrui, apprenez donc à imaginer une histoire, essayez de l’écrire et faites-vous publier par un éditeur, ne serait-ce qu’une petite nouvelle. Ensuite, vous comprendrez mieux ce que j’ai exprimé ici et qui ne peut que vous échapper à ce jour. Vous n’avez aucune idée de ce qu’est le travail de l’écriture et encore moins, de ce qu’attendent les lecteurs. Il est vrai qu’à vos yeux, tout cela vole trop bas et demeure scolaire.

Nous ne sommes pas du même monde, chère blogueuse, et j’en suis très fier. Il s’échappe du vôtre des relents nauséabonds qui incitent à s’en éloigner et qui me resteront à jamais terra incognita. Le mien a au moins le respect de ne pas citer votre nom ni l’adresse de votre torchon que vous seule pouvez encore qualifier de blog littéraire.

Dont acte ! et à bon entendeur, salut.

Bonne journée à tous.
Amitiés (para)littéraires.

7 commentaires:

  1. Une réponse dont le fond a le mérite d'être clair et dont la forme, n'en déplaise à certains esprits chagrins, est, de mon point de vue, parfaitement bien écrite !

    Littérature, paralittérature ?... Permets que j'en sourie !

    Leur but ultime n'est-il pas avant tout de toucher le lecteur au plus profond de lui-même ? d'éveiller son intérêt, de lui permettre, au fil des pages de l'histoire racontée, un moment d'évasion, de rêve, de plaisir et de joie, d'étonnement, de prise de conscience ou même de révolte parfois?

    Que les belles âmes se rassurent ! ( et celle à laquelle tu t'adresses ici plus particulièrement ! )
    Si les " Grands " auteurs, publiés ( c'est un minimum déjà ! ) et reconnus de tous, nous apportent souvent ce sentiment de pure délectation inhérent à toute oeuvre réussie, les écrivains " de l'ombre " nous l'offrent également.

    Que ta plume continue donc à nous enchanter encore longtemps !

    mc

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    1. Merci Marie... Fort joliment dit et d'une profonde vérité !

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  2. Mon dieu, que ses blogueuses éclairées sont pénibles et si elles oubliaient un peu leurs petits univers étriqués qui ne tournent qu'avec les mêmes moutons. Que l'on apprécie pas un genre c'est acceptable mais pourquoi dans ce cas descendre un livre où un auteur? je ne voie qu'une seule raison valable, la jalousie de celle qui n'a jamais réussie à se faire publier.
    Amicalement Samba

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    1. Bonjour Samba, c'est un plaisir de vous accueillir ici ! Je pense que vous êtes suffisamment bien placée pour comprendre les tenants et aboutissants de ce genre de critique. Merci pour votre soutien et votre passage... Bien amicalement.

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  3. Au fil des mots, j'ai éprouvé un réel plaisir à lire ce droit de réponse à la pointe bien aiguisée, qui, très sincèrement, je l'avoue, m'a bien amusé. A partir du moment où l'on a choisi la façon de choisir le style de ses écrits pour en faire profiter au mieux ses lecteurs, il est vrai que le fait de se mettre à la place de ceux-ci est plutôt honorable de la part de l'écrivain.

    L'important est de se sentir bien dans ses baskets ou ses chaussettes, ce qui ne doit pas être le cas de cette blogueuse en question.

    Mais une fois de plus, ne constatons-nous pas que l'on ne peut pas plaire à tout le monde ??

    Chris

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    1. Bonjour Chris et merci pour votre commentaire. Effectivement, ne pas plaire à tout le monde est une évidence de fait et de droit. Maintenant, le respect d'autrui devrait relever de la même évidence. Ce qui est très loin de la réalité quotidienne vécue par tous les auteurs publiés.
      Pour ma part, se mettre à la place de mes lecteurs n'est pas nécessairement mon leitmotiv. J'écris des histoires dans un style simple, facile à comprendre par monsieur tout le monde et qui ne tend que vers un seul objectif : faire rêver les lecteurs pour qu'ils puissent prendre du plaisir et oublier leur routine ou leurs ennuis.
      Ce but, relativement simple et populaire, me semble suffisamment louable pour espérer un minimum de respect ou au moins l'indifférence de ceux qui ne me lisent pas. De temps en temps, un recentrage des débats s'avère nécessaire et même si je peux avoir le coup de croc très incisif, voire dévastateur, j'applique à moi-même ce que j'attends de ces blogueurs en mal de sensation : le respect et un minimum de correction.
      Encore merci pour votre passage et vos mots.

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    2. LAFEUILLE Thomas1 mars 2014 à 12:08

      Je reconnais que la manière cavalière de cette cybercanetteuse est malséante.
      Votre réponse interloque toutefois.

      Savez-vous aujourd'hui que souvent, lorsqu'on fait œuvre de Littérature, 99,9 % des éditeurs nous retournent nos textes en nous signifiant : "texte d'une rare intelligence et d'une qualité littéraire remarquable ; malheureusement, celui-ci ne rentre pas dans notre ligne éditoriale". Traduire : "Vous n'aurez pas un public suffisant pour rentabiliser l'investissement".

      Trouvez-vous normal cet écartement de toute publication ? Un auteur doit-il forcément écrire pour les masses ? pour le profit ? (quand on lutte à titre individuel pour une société post-capitaliste, vous comprenez le problème)

      Savez-vous aussi que ces écrivains ambitieux reçoivent également l'opprobre, de la même manière que vous l'avez reçu, de ces mêmes masses se proclamant "juge du bon goût contemporain" en déclarant "trop complexes, précieuses, abstruses..." leurs œuvres ?
      Elles le sont effectivement, mais pour des lecteurs qui "ne veulent pas se prendre la tête" et qui se caractérisent souvent, et je suis le premier à le regretter, par une immaîtrise de la langue française.

      Aujourd'hui, les marchands ont tellement étendu leur emprise sur la production culturelle qu'en tant que lecteur, j'ai fui à peu près toute production contemporaine, n'ayant pas le temps et l'énergie de trier le bon grain de l'ivraie. J'ai essayé un temps, mais l'on revient toujours aux mêmes auteurs (et pas les Houellebeck, Nothomb et Cie). J'attendrai donc que les universitaires l'opèrent à ma place. Cette défection m'aura au moins imposé de me plonger dans les littératures des siècles passées, et de me découvrir une passion pour les textes des XIV-XVIe siècles, mais n'est-elle pas regrettable ? Dans notre monde où les lecteurs s'évanouissent, est-il censé d'écarter de fait certains lecteurs des productions contemporaines ? Je constate que le marché actuel pose question, c'est tout.

      Bref, je comprends l'aigreur d'un certain nombre de passionnés de Belles Lettres qui peuvent se douloir de ne pouvoir lire ou écrire leur contemporanéïté, comme ils leur siéent, pour d'uniques motifs mercantiles et d'abaissement capitaliste, motifs formidables qui standardisent les productions et les goûts des lecteurs par acculturation.

      Ceci oblige, encontre votre propre conception de l'écriture, à opter pour la maxime de Nabokov : « Il faut à mon avis écrire pour plaire à un seul lecteur : soi-même. »

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